Cette tribune paraît dans « Le Monde de l’éducation ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre hebdomadaire en suivant ce lien.
L’épreuve de philosophie est la seule épreuve terminale commune à tous les élèves de la voie générale et technologique. Même si cette épreuve n’est plus absurdement isolée au mois de juin, comme ce fut le cas en 2023, sa place dans le baccalauréat n’en demeure pas moins fragilisée par le faible coefficient qui lui est affecté. Celui-ci est seulement de 8 sur 100 dans la voie générale et de 4 sur 100 dans la voie technologique.
Ce coefficient est une anomalie. Il est incompréhensible qu’il soit inférieur à celui des épreuves anticipées de français (10 sur 100). Il est plus incompréhensible encore qu’il soit plus faible que celui de l’épreuve du grand oral (10 sur 100).
Rappelons qu’aucune heure n’est inscrite dans les emplois du temps pour la préparation du grand oral. Si les professeurs de spécialité ont pu, en 2023, entraîner leurs élèves à cette épreuve entre mars et juin, ils ne pourront plus le faire cette année. Comment peut-on attribuer à une épreuve orale à laquelle les élèves doivent s’entraîner seuls un coefficient plus lourd qu’à une épreuve écrite à laquelle ils se préparent chaque semaine avec leur professeur ?
Pour corriger chaque année l’épreuve de philosophie au baccalauréat et avoir déjà siégé dans un jury de grand oral, je peux témoigner que les deux épreuves, en outre, n’ont pas du tout le même niveau d’exigence et sont très loin d’offrir les mêmes garanties de rigueur et d’équité. Si l’épreuve de philosophie permet d’évaluer le sérieux d’un travail, il est très difficile de déterminer si un candidat se présentant au grand oral a fait des recherches personnelles sur la question qu’il présente ou s’il a appris, quelques jours avant, un contenu trouvé sur l’un des nombreux sites Internet proposant des exposés clé en main.
Travail patient et exigeant
Si les réunions d’entente et d’harmonisation permettent d’assurer l’équité de la correction de l’épreuve de philosophie, il est beaucoup plus difficile de s’accorder avec le collègue d’une autre discipline qui siège dans le même jury de grand oral sur les exigences qu’on est en droit d’avoir vis-à-vis des candidats, tant les attendus de cette épreuve sont flous. Les oraux, qui plus est, s’enchaînent à une cadence telle que les examinateurs n’ont pas le temps de se concerter sur les qualités de la prestation qu’ils viennent d’entendre.
Le coefficient attribué à l’épreuve de philosophie ne rend pas justice au travail que les élèves doivent accomplir pendant leur année de terminale. Pendant toute cette année, il leur est demandé de réfléchir sur des notions communes (telles que la vérité, la liberté, la justice, l’art, la technique) et de se confronter aux écrits des philosophes. Les élèves apprennent à expliquer des textes forcément difficiles, à conceptualiser et à construire leur pensée de façon rigoureuse.
Il vous reste 47.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.