On s’en vantait presque au printemps. Enfin, se retrouver… Il s’agissait surtout de kidnapper ses enfants sous couvert de les inviter dans un endroit de rêve, et de préférence loin d’une gare, tout en trouvant normal de se saigner parce que, pour la cinquième année de suite, « c’est sans doute la dernière fois qu’on part ensemble ». Enfin, s’ils viennent. Trois mois déjà qu’on leur demande à quelles dates ils seraient disponibles. Eux ne pouvaient pas fournir de réponse ferme, laissant la porte ouverte à toute proposition plus excitante que la perspective de se faire engueuler en vacances parce qu’on n’a pas ramassé ses chaussettes. Ils ont fini par lâcher qu’ils « passeront ».
Selon un sondage Promovacances réalisé avant les congés (le détail a son importance), 52 % des Français approuvent l’idée que « passer ses vacances en famille est source de bonheur ». Mais seuls 42 % des 18-24 ans sont d’accord. Et ces jeunes sont 35 % à reconnaître que, au bout de quelques jours, « ça pèse » et 18 % à trouver que « c’est une organisation militaire », contre 3 % des plus de 55 ans (ceux, donc, qui ont le plus de risque d’avoir expérimenté une authentique organisation militaire).
De fait, chacun a mythifié les vacances comme son temps de liberté et se voit rattrapé par les contraintes des autres. La logistique devient le petit bois des déconvenues. Les ados répondent « mais on est en vacances » à des parents qui avaient cru, eux aussi, qu’ils le seraient. « Le féminisme de mon fils s’arrête au ras de mes sandales quand on est en vacances ensemble », constate la mère d’un trentenaire redevenu soudain incapable de ranger sa tasse et de trouver le lave-vaisselle.
Il vous reste 59.07% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.