Le fonds souverain norvégien, le plus important au monde, a annoncé lundi 11 août se séparer de ses parts dans 11 entreprises israéliennes après des révélations, en pleine guerre à Gaza, sur sa participation dans une entreprise israélienne fabriquant des moteurs d’avions de chasse.
« Ces mesures ont été prises en réponse à des circonstances extraordinaires. La situation à Gaza constitue une grave crise humanitaire. Nous sommes investis dans des entreprises qui exercent leurs activités dans un pays en guerre, et les conditions en Cisjordanie et à Gaza se sont récemment détériorées », a annoncé son chef, Nicolai Tangen, cité dans un communiqué.
Le fonds souverain norvégien – également connu sous le nom de fonds pétrolier, car il est alimenté par les recettes considérables provenant des exportations de pétrole et de gaz du pays – a des actifs de quelque 1 900 milliards de dollars (1 646 milliards d’euros), avec des investissements répartis dans plus de 8 600 entreprises à travers le monde.
Le journal norvégien Aftenposten a révélé le 4 juin que ce fonds avait investi dans la société israélienne Bet Shemesh Engines Holdings, qui fabrique des pièces pour les moteurs utilisés dans les avions de chasse israéliens. M. Tangen avait confirmé le lendemain que le fonds avait bien acquis une participation dans la société en 2023, un investissement augmenté après le début de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza.
« Indice de référence »
Le premier ministre norvégien, Jonas Gahr Store, a réagi dans la foulée, demandant à son ministre des finances de prendre contact avec la banque centrale du pays, Norges Bank, qui gère le fonds. Le ministère des finances a demandé à la banque de « revoir la mise en œuvre du mandat de gestion du fonds, ses investissements dans des entreprises israéliennes, et de proposer les nouvelles mesures qu’il juge nécessaires », a souligné la banque. Le fonds s’est engagé à répondre à cette demande avant la date butoir fixée au 20 août.
A la fin du premier semestre, le fonds détenait des parts dans 61 entreprises israéliennes. Parmi celles-ci, 11 entreprises ne figuraient pas dans « l’indice de référence » du ministère, qui mesure les performances économiques du fonds souverain. Une décision a été prise la semaine dernière selon laquelle « tous les investissements dans des sociétés israéliennes qui ne figurent pas dans l’indice de référence seront vendus dès que possible », a précisé la Norges Bank Investment Management dans son communiqué.
A l’avenir, « les investissements du fonds en Israël seront désormais limités aux entreprises qui figurent » dans cet indice. Cela permettra de réduire le nombre d’entreprises surveillées par le conseil d’éthique, et simplifiera la gestion du portefeuille sur ce marché, selon M. Tangen. Tous les investissements israéliens gérés par des gestionnaires externes seront désormais transférés en interne, a aussi fait savoir la banque centrale.
« Violations du droit international »
Le fonds a également déclaré qu’il « accordait depuis longtemps une attention particulière aux entreprises associées aux guerres et aux conflits ». « Depuis 2020, nous avons contacté plus de 60 entreprises pour soulever cette question. Parmi celles-ci, 39 dialogues concernaient la Cisjordanie et Gaza », a-t-il assuré. Le suivi des entreprises israéliennes a été intensifié à l’automne 2024. « Par conséquent, nous avons vendu nos investissements dans plusieurs entreprises israéliennes », selon le fonds souverain.
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Le premier ministre norvégien a salué lundi le fait que la Norges Bank ait « agi rapidement ». S’exprimant lors d’une conférence de presse, il a souligné que les « lignes directrices éthiques du fonds stipulent qu’il ne doit pas investir dans des entreprises qui contribuent à des violations du droit international par les Etats ». Le fonds souverain ne doit donc pas « posséder de parts dans des entreprises qui contribuent à la guerre d’Israël à Gaza ou à l’occupation de la Cisjordanie », a-t-il déclaré aux journalistes.
Le fonds de pension norvégien KLP a, de son côté, annoncé lundi avoir exclu l’entreprise israélienne NextVision Stabilized Systems Ltd., qui fournit des composants essentiels pour des drones militaires utilisés dans la guerre à Gaza, de son portefeuille.