Le 28 janvier, une semaine après l’annonce par Donald Trump du gel pendant quatre-vingt-dix jours de l’aide publique au développement distribuée par l’agence Usaid, la dérogation accordée à la lutte contre le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), responsable du sida, a d’abord été un grand soulagement. Mais elle n’a pas dissipé les craintes de voir durablement ébranlé le dispositif mondial construit pour venir à bout d’une des épidémies les plus meurtrières de l’histoire contemporaine. Cette dérogation ne préjuge pas des décisions qui pourraient être prises à l’issue des trois mois durant lesquels la nouvelle administration entend passer au crible tous les engagements de l’agence à l’aune de son mot d’ordre : « America first. » Et elle fragilise d’ores et déjà des piliers essentiels de la riposte à travers la remise en cause des dispositifs de prévention, la moindre prise en charge des populations les plus exposées au virus – minorités sexuelles, travailleuses du sexe, usagers de drogues – et l’arrêt massif des programmes de recherche.
La fébrilité est à la hauteur du poids des Etats-Unis dans les financements mondiaux en faveur de la lutte contre le virus qui contamine toujours 1,3 million de personnes par an et reste la cause de 630 000 décès, dont 60 % en Afrique. Par le biais du programme President’s Emergency Plan for AIDS Relief (Pepfar), lancé par George W. Bush en 2003 pour aider les pays à faible revenu à accéder aux médicaments antirétroviraux, le gouvernement américain prend en charge 20 des 30 millions de personnes sous traitement. Il fournit 90 % des prophylaxies dites « préexposition » (PrEP) qui permettent d’éviter la contamination des personnes à risque et sont considérées comme l’une des armes essentielles pour enrayer l’épidémie en l’absence de vaccin et de médicament curatif.
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