Soulagement, désillusion, effroi… La confusion des sentiments agite de nombreux Allemands au lendemain des élections anticipées du Bundestag. Une prise de conscience émerge : le nouveau gouvernement porte une responsabilité immense, tant vis-à-vis de l’Allemagne que de l’Europe.
Au lendemain des résultats des élections allemandes, c’est d’abord une forme de soulagement qui s’est imposée. L’Allemagne s’apprête à se doter d’un gouvernement stable, formé de deux partenaires déjà rompus à cet exercice. Cette coalition bipartite, dirigée par l’ambitieux Friedrich Merz, peut s’entendre sur une ligne commune, une ligne exigeant des compromis de part et d’autre, mais plus claire et plus facile à délimiter qu’elle ne l’aurait été dans le cas d’un attelage à trois. Le départ d’Olaf Scholz permet l’émergence d’un terrain d’entente entre les chrétiens-démocrates de la CDU et les sociaux-démocrates du SPD sur des sujets-clés comme la défense, la sécurité et l’Europe. Les débats seront plus âpres sur la question migratoire, le dossier climatique perdra en importance, et les sociaux-démocrates devront se battre avec des marges de manœuvre limitées pour préserver les acquis sociaux.
La campagne électorale, à la fois brève et troublée par les questions de politique migratoire, n’a cependant pas suffisamment abordé les thèmes de l’économie et de la défense, de sorte que les électeurs n’ont guère été préparés aux défis budgétaires à venir. L’élection n’a en outre pas réussi à susciter un véritable élan autour de Friedrich Merz : elle a consacré le rejet de l’ancien gouvernement sans que le candidat de la CDU ne parvienne à remporter la victoire triomphale qu’il espérait. Sa stratégie consistant à s’aventurer sur les terres du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) pour en récupérer les électeurs n’a pas vraiment porté. Quant au SPD, il a obtenu son plus mauvais résultat dans l’histoire de la République fédérale et entre affaibli dans ce gouvernement. Cette coalition attendue se doit donc de conquérir un mandat pour mener des réformes et insuffler une dynamique positive.
Il vous reste 70.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.