Un exécutif minoritaire à l’Assemblée nationale qui s’appuie sur la droite et les élus macronistes pour gouverner… Sur le plan parlementaire, le gouvernement de Michel Barnier, nommé samedi 21 septembre, s’inscrit dans la continuité de la précédente législature, soldée par la dissolution du 9 juin.
Les équilibres politiques retenus par l’ancien négociateur du Brexit pour former son gouvernement lui permettent de revendiquer le soutien, ou du moins l’indulgence, de « 220 à 230 députés », soit le « socle le plus important de l’Assemblée nationale », a-t-il défendu dimanche soir au journal de 20 heures sur France 2. Surpassant le Nouveau Front populaire (NFP) et ses 193 élus ou les 142 députés du Rassemblement national (RN) et de ses alliés.
Sur le papier, le premier ministre compte sur les 96 députés Ensemble pour la République (EPR) emmenés par Gabriel Attal, leurs 47 collègues étiquetés La Droite républicaine de Laurent Wauquiez, les 36 élus MoDem de François Bayrou, les 33 députés du parti Horizons d’Edouard Philippe et les 22 membres du groupe centriste hétéroclite Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT). Soit, peu ou prou, les contours de la majorité très relative qui avait réélu au perchoir, en juin, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (213 voix).
Une assise parlementaire qui reste branlante pour Michel Barnier, lui qui paye d’abord sa faible légitimité, étant issu du parti Les Républicains (LR), une formation qui n’a rassemblé que 5 % des voix aux dernières élections législatives, en refusant le front républicain contre l’extrême droite. « Je sais bien que mon mandat est fragile », a-t-il admis, dimanche soir, sans dévoiler le contenu de sa feuille de route, attendu le 1er octobre lors de sa déclaration de politique générale au Palais-Bourbon.
Une équation parlementaire verrouillée
Sous la précédente législature, le cumul des voix des députés macronistes (250) et des élus LR (62) pour rejeter les motions de censure ou faire adopter certains textes a permis la stabilité des gouvernements Borne et Attal. Après la dissolution, le fort antagonisme entre les trois blocs de l’Hémicycle (gauche, centre, extrême droite) et la perspective de futures élections bloquent l’émergence de toute combinaison majoritaire. L’impossibilité de dissoudre l’Assemblée nationale pendant un an pèse sur la capacité d’action du gouvernement Barnier, qui ne dispose plus de cette arme de dissuasion pour asseoir son autorité.
Dans cette équation parlementaire verrouillée, le chef du gouvernement, aidé par l’influent président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, est parvenu à arrimer la droite au camp macroniste après sept ans de valse-hésitation. Avec ses 47 députés, LR comptabilise 131 sénateurs. Un point non négligeable dans la capacité de la droite à peser sur la rédaction des textes dans la navette parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Sénat, comme l’a illustré la réforme des retraites ou la loi « immigration ».
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