« Le riz devient un produit de luxe, on en mange moins. » Pour cette femme au foyer croisée dans un supermarché Life de l’arrondissement de Nakano, à Tokyo, le précieux grain blanc, central dans la culture japonaise, est désormais beaucoup trop cher. Et les récentes mesures gouvernementales pour enrayer la flambée des prix de cette denrée ne la convainquent guère.
Il faut dire que, entre le 12 et le 18 mai, le paquet de 5 kilos a atteint un nouveau record, à 4 285 yens (26,20 euros), le double de mai 2024. Et rien ne semble en mesure de freiner cette envolée observée depuis des mois, alimentée par de mauvaises récoltes, des achats de précaution déclenchés l’été 2024 après l’annonce d’un risque imminent de tremblement de terre dans l’ouest de l’Archipel, l’explosion du tourisme et la spéculation des grossistes.
Cette inflation a poussé la ville de Katano, dans le département d’Osaka (Ouest), à ne plus servir du riz dans les restaurants scolaires que deux fois par semaine, contre trois d’habitude. « C’était ça ou augmenter les frais de cantine », a expliqué le maire, Kei Yamamoto.
Annonces du ministre de l’agriculture
Kameda Shuzo, producteur de saké depuis 1757 à Kamogawa (est de Tokyo), s’inquiète, lui, de voir certains agriculteurs renoncer à cultiver du riz à saké pour privilégier le riz de table, désormais plus rentable. « Si nous n’avons pas suffisamment de riz ou si les prix restent élevés, nous devrons réduire la production », craint le président Yuji Kameda, qui n’hésite pas, non sans emphase, à parler d’« émeutes du riz de l’ère Reiwa » – du nom de l’ère impériale actuelle, commencée en 2019, et en rappel des émeutes du riz de 1918 ou de 1993.
Pour tenter d’endiguer le phénomène, le nouveau ministre de l’agriculture, Shinjiro Koizumi, a annoncé, lundi 26 mai, que le gouvernement allait vendre « de gré à gré 300 000 tonnes de riz des réserves gouvernementales » directement aux grands distributeurs. Il espère que cela permettra de ramener le prix des 5 kilos à près de 2 000 yens. Des enseignes comme Don Quijote et Ito-Yokado, ainsi que le géant de la vente en ligne Rakuten, ont déjà répondu à sa proposition de vente de gré à gré.
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