Les assises de lutte contre l’antisémitisme se tiennent jeudi 13 février, relancées par le gouvernement pour provoquer un « sursaut collectif » face à la recrudescence des actes antisémites, qui se maintiennent à un niveau historique depuis le 7 octobre 2023. A la Maison de la radio, la ministre de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, doit lancer, en présence de sa collègue de l’éducation, Elisabeth Borne, cet « acte II » des assises, largement consacré à la jeunesse.
L’éducation nationale a recensé 477 signalements d’actes antisémites au cours du premier trimestre de l’année scolaire 2024-2025, et 496 actes racistes. Ce sont 1 670 actes à caractère antisémite (insultes et violences verbales ou physiques, inscriptions antisémites…) et 1 960 actes racistes qui avaient été signalés sur l’ensemble de la précédente année scolaire. En 2024, 1 570 actes antisémites ont par ailleurs été recensés en France, après 1 676 en 2023, avait annoncé le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) à la fin de janvier, déplorant un niveau « historique » pour la deuxième année consécutive.
« Pour agir, la ministre a fixé une priorité : l’éducation », souligne-t-on au cabinet de Mme Bergé, en rappelant que « 42 % des auteurs d’actes antisémites ont moins de 35 ans ». « Il y a énormément de témoignages de personnes de confession juive qui ne se sentent plus en sécurité en France, qui se font taguer leur domicile à cause d’une mézouzah » (objet de culte juif apposé au chambranle d’une porte d’entrée), voire « qui retirent leurs enfants des écoles de la République », a-t-on ajouté au cabinet de Mme Bergé, en déplorant « la réémergence d’une forme d’antisémitisme qui se nourrit de la haine d’Israël et qui s’appelle l’antisionisme ».
Lycéens, étudiants, puis « grands témoins »
Jeudi, des lycéens et étudiants s’exprimeront en tant que victimes, témoins ou porteurs de projets, pour « livrer leurs expériences et leur vision de l’avenir face à l’ampleur de ce fléau dans notre société ». Dans un second temps, des « grands témoins » interviendront : l’avocate Muriel Ouaknine-Melki, autour de la qualification de l’antisémitisme actuel, puis le recteur Khaled Bouabdallah, pour parler de l’antisémitisme dans le milieu scolaire et dans l’enseignement supérieur. L’historienne Marie-Anne Matard-Bonucci, professeur à l’université Paris 8, apportera une mise en perspective historique.
Plusieurs représentants de la communauté juive seront présents : le président du Crif, Yonathan Arfi, celui du Consistoire central, Elie Korchia, celui du Fonds social juif unifié, Ariel Goldmann, ainsi que des associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Aurore Bergé doit conclure cette session de deux heures trente avec l’annonce de « prochaines étapes », selon son cabinet, qui n’a pas donné de détails.
Il s’agit là d’une « relance » des travaux, car les assises avaient été lancées en mai 2024, avant d’être interrompues par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin. Parlant de « déferlante », le premier ministre d’alors, Gabriel Attal, avait promis une « fermeté exemplaire », déclarant : « Pas un acte ne doit rester impuni, pas un antisémite ne doit avoir l’âme tranquille. »