Mardi 6 mai au soir, le groupe Orano (ex-Areva), spécialiste français de l’uranium, s’est dit « très préoccupé » par la situation au Niger, « n’ayant pu entrer en contact » avec son représentant dans le pays, où les bureaux de ses filiales auraient été perquisitionnés. « Lundi 5 mai, il semblerait qu’il y ait eu des interventions des forces de l’ordre nigériennes au siège des filiales de Somaïr, Cominak et Orano Mining Niger à Niamey, avec saisie de matériels », a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) le groupe Orano, confirmant une information de Radio France internationale (RFI) sur des perquisitions dans les locaux de ses filiales minières.
« Nous sommes très préoccupés par la situation, n’ayant pu entrer en contact avec le représentant d’Orano au Niger à ce stade », a-t-on ajouté de même source. Le groupe précise également que « des informations circulent [depuis mardi matin] indiquant que l’accès aux locaux à Niamey n’est pas possible pour le personnel ». Fin 2024, le groupe a acté la perte du contrôle opérationnel de ses filiales minières au Niger, les sociétés Somaïr, Cominak et Imouraren. « Dans ce contexte, nous disposons donc d’une information très limitée sur la situation au Niger », rappelle le groupe.
L’exploitation de l’uranium au Niger est au centre d’un bras de fer entre la junte de Niamey et le groupe français. Le régime militaire nigérien entretient des relations tendues avec l’ex-puissance coloniale française, ne cachant pas sa volonté de se tourner vers de nouveaux partenaires, comme la Russie ou l’Iran. Il est en conflit ouvert avec Orano, majoritaire à plus de 60 % dans trois filiales, Somaïr, Cominak (fermée depuis 2021) et Imouraren.
Sur ce dernier site, dont les réserves sont estimées à 200 000 tonnes, Niamey a retiré à Orano son permis d’exploitation. Le groupe français, qui a dénoncé « l’ingérence des autorités », a engagé deux arbitrages internationaux contre l’Etat du Niger. D’après Orano, une quantité d’environ 1 300 tonnes de concentré d’uranium qu’elle n’a pas pu faire sortir du pays est toujours bloquée sur le site de la Somaïr, pour une valeur marchande de 250 millions d’euros.