Au pays du pétrole, Oriel Roth espère faire fortune dans la salade. Fin 2023, cet Israélien a ouvert la première ferme hydroponique du Guyana. Cette technique permet de faire pousser des plantes sans terre, grâce à une irrigation enrichie de nutriments. La ferme Victoria Greens, qui s’étend sur 2 500 mètres carrés, à vingt minutes de la capitale, Georgetown, cultive des laitues, du céleri, de l’aneth, du persil, ou encore des miniconcombres. Des plantes exotiques et de luxe dans un pays habitué à consommer du riz ou du manioc.
« La demande augmente avec l’enrichissement du pays et l’idée est de remplacer les importations avec la production locale », explique l’ingénieur. Non seulement les plantes importées dans le pays arrivent dans un mauvais état, avec en moyenne 40 % de pertes, mais le gouvernement a pour objectif de réduire sa dépendance agricole.
L’agriculture est la pièce maîtresse de sa stratégie de diversification, car elle permet de créer des emplois à l’intérieur des terres, où vivent 90 % des Amérindiens, et de décongestionner le littoral qui attire de nombreuses entreprises liées à l’industrie du pétrole.
De vastes terres
Une initiative portée par l’objectif que s’est donné la Communauté des pays des Caraïbes (Caricom) de réduire de 25 % leurs importations agroalimentaires entre 2021 et 2025. Selon les dernières données de la Banque mondiale, les denrées alimentaires représentaient 12 % des importations du pays.
« La pandémie de Covid-19 nous a appris que, quand le monde est emporté par une telle crise, tous les pays oublient la mondialisation, ferment leurs frontières et le coût du transport maritime explose, expliquait le président guyanien, Irfaan Ali, lors d’une conférence donnée au think tank américain Wilson Center en juillet 2022. Cela nous a servi de leçon pour améliorer notre logistique et notre autosuffisance alimentaire. »
Le Guyana a de vastes terres et se verrait bien devenir la capitale agroalimentaire de la région. Le gouvernement a investi en 2021 dans la construction d’une route de 50 kilomètres dans le sud du pays pour faciliter l’accès à 61 000 hectares de cultures de soja et de maïs. Il a aussi fait l’acquisition des premiers taureaux reproducteurs du Texas pour augmenter sa production de viande et, avec l’assistance technique d’Israël, est en train de bâtir la première ferme laitière « moderne » du pays.
Chaîne du froid
Les objectifs sont ambitieux tant le pays part de zéro. Riche en matières premières agricoles, de la canne à sucre à l’ananas en passant par le manioc, il n’est jamais parvenu à mettre sur pied une industrie de la transformation, sauf pour produire du rhum. Oriel Roth raconte avoir reçu le soutien du gouvernement en matière d’incitation fiscale et d’accès à la terre.
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