Les hérissons ouest-européens sont en déclin, poussés hors de leurs habitats par l’expansion urbaine et fauchés sur les routes. Dans la liste rouge actualisée de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), publiée lundi 28 octobre à Cali (Colombie) lors de la COP16 sur la biodiversité, l’Erinaceus europaeus a changé de catégorie, passant de « préoccupation mineure » à « quasi menacé » d’extinction. Sa population a diminué dans plus de la moitié des pays où il est recensé, essentiellement au Royaume-Uni, en Norvège, en Suède, au Danemark, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Autriche.
Le hérisson « est très proche d’être “vulnérable” et il est probable qu’il entrera dans cette catégorie la prochaine fois que nous l’évaluerons », alerte auprès de l’Agence France-Presse Sophie Rasmussen, chercheuse à l’unité sur la conservation de la faune sauvage de l’université d’Oxford. Selon elle, « les humains sont les pires ennemis des hérissons ».
Pour se protéger des prédateurs naturels comme les blaireaux, les renards ou les chouettes, le hérisson se met en boule, utilisant les 8 000 piquants de son dos comme repoussoirs. Mais « devant une voiture, ce n’est pas une très bonne stratégie », souffle Mme Rasmussen. Les autres menaces qui planent sur l’espèce sont les pesticides utilisés par l’industrie agricole mais aussi dans les jardins privés, et le déclin des insectes, qui constituent une grande partie de son alimentation.
Réserves d’eau et de déchets
Les hérissons vivent généralement deux ans, bien que certains individus âgés de 9 ou 12 ans aient été documentés. Ils peuvent se reproduire dès la fin de leur première année avec des portées de trois à cinq petits. « Cela veut dire que de nombreux hérissons ne se reproduisent qu’une fois, deux fois s’ils sont chanceux, avant de mourir », soit juste assez « pour maintenir la population à niveau », relève l’experte.
Mme Rasmussen, dont les recherches ont été intégrées dans la mise à jour de la liste rouge de l’UNIC, invite chacun à agir, car, selon elle, la survie des hérissons « va se jouer dans les jardins des maisons ». Elle invite les propriétaires à construire des « autoroutes pour hérissons », c’est-à-dire un trou dans la clôture extérieure pour leur permettre le passage la nuit, et déposer sur leur chemin une petite réserve d’eau et de déchets alimentaires.
« La meilleure chose que vous puissiez faire est de laisser pousser votre jardin à l’état sauvage pour attirer tout ce dont un hérisson a besoin pour se nourrir : insectes, vers de terre, escargots et limaces », précise Mme Rasmussen.