Le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Qassem, a accusé dans un discours télévisé, vendredi 15 août, le gouvernement libanais de « livrer le pays à un tyran israélien insatiable ou à un tyran américain cupide » en poussant au désarmement de son mouvement et a mis en garde contre une « guerre civile et des conflits internes », deux jours après avoir rencontré le chef du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, Ali Larijani, lors de sa visite au Liban.
Le mouvement chiite est sorti très affaibli d’une guerre en 2024 contre Israël, qui a détruit une partie de son arsenal et décimé sa direction. Après avoir dominé pendant des années la vie politique au Liban, son influence a depuis nettement reculé.
Sous la pression des Etats-Unis et face aux craintes d’une intensification des attaques israéliennes au Liban, le gouvernement a chargé l’armée, le 5 août, de préparer un plan pour désarmer d’ici la fin 2025 le Hezbollah, fondé et financé par l’Iran, ennemi d’Israël. Mais le mouvement chiite, seule faction libanaise autorisée à conserver ses armes après la guerre civile au Liban (1975-1990), avait aussitôt rejeté la décision du gouvernement. M. Qassem a réitéré sa volonté : « La résistance ne rendra pas les armes tant que l’agression et l’occupation [israélienne] se poursuivront ».
Un cessez-le-feu violé
Le président libanais, Joseph Aoun, a fait part mercredi à M. Larijani de son refus de « toute ingérence » dans les « affaires internes » du Liban, après des critiques de l’Iran sur la décision de désarmer le Hezbollah.
La décision du gouvernement libanais s’inscrit dans le cadre de l’application du cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, qui a mis fin, le 27 novembre, à plus d’un an de conflit entre le Hezbollah et Israël dont deux mois de guerre ouverte.
Le Parti de Dieu accuse Israël de violer le cessez-le-feu en continuant ses frappes au Liban et en occupant des positions dans le sud du pays. Israël affirme cibler des infrastructures du mouvement, qu’il accuse de tenter de se reconstituer, et menace d’étendre ses opérations militaires si les autorités libanaises échouent à le désarmer.
M. Qassem a affirmé que son mouvement avait convenu avec son allié, le mouvement Amal, de reporter les « manifestations de rue » afin de permettre un dialogue et d’éviter « la confrontation ». Mais, a-t-il ajouté, « si on nous l’impose, nous y sommes préparés. Des manifestations auront alors lieu au Liban et elles atteindront l’ambassade des Etats-Unis ».