Gérald Darmanin aime claquer les portes, avant même qu’elles ne s’ouvrent à lui. Mercredi 18 septembre encore, sur France 2, l’élu de Tourcoing, ministre de l’intérieur démissionnaire, le jure : il est « hors de question », pour lui, d’intégrer un gouvernement qui augmenterait les impôts. Lors de son entretien en tête-à-tête avec le premier ministre, Michel Barnier, le week-end précédent, le locataire de Matignon aurait glissé son souhait de durcir la fiscalité. Inadmissible pour Gérald Darmanin, tandis que Matignon s’étrangle de cette sortie courroucée. « La situation mérite mieux que des petites phrases. Elle exige de la responsabilité », tonne-t-on, rue de Varenne, pointant que les finances publiques du pays sont au bord de l’abîme.
Celui qui reste, pour quelque temps encore, le « premier flic de France » vient de lancer une grenade dégoupillée sur les genoux de Michel Barnier. Le soutien du poids lourd du camp macroniste n’est plus acquis au premier ministre, membre du parti Les Républicains (LR). Pas plus que son accord pour intégrer le prochain gouvernement. Ironie du destin, l’ancien sarkozyste fait ici cause commune avec Gabriel Attal, le chef des députés Renaissance au Parlement, qui était, hier encore, son grand rival. L’ancien locataire de Matignon, froissé par sa passation de pouvoir grinçante avec Michel Barnier, entend bien, comme Gérald Darmanin, se faire respecter et faire respecter les voix des députés du groupe Ensemble pour la République. Il n’est pas question que le septuagénaire se comporte comme s’il était le nouveau maître à bord, tournant la page de l’ère macroniste en ne laissant que des « miettes » au gouvernement, fait-on valoir dans l’entourage de Gabriel Attal.
« Il soigne sa sortie »
Mais Gérald Darmanin agit-il au nom du collectif ou par orgueil ? C’est un « fin politique, toujours dans le coup d’après », observe Stella Dupont, députée En Commun ! du Maine-et-Loire, ignorant ce que le locataire de la place Beauvau peut avoir derrière la tête. Au sein du camp présidentiel, on s’étonne que le ministre démissionnaire, défenseur d’une droite sociale, qui vantait, dans un entretien à Paris Match, en février, la valeur « partage », s’offusque d’une hausse de la taxation des plus riches. « Il soigne sa sortie », imagine un élu macroniste, persuadé, comme d’autres, que cette affaire de hausse des impôts n’est qu’un prétexte pour que le ministère de l’intérieur fasse entendre sa voix. « Gérald Darmanin fait de la politique avec un petit p. Ce type d’attitude n’est pas à la hauteur de la situation du pays », cingle le député LR Olivier Marleix (Eure-et-Loir).
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