SFR ne parvient pas à arrêter l’hémorragie. Depuis quasiment deux ans, l’opérateur de télécommunications Patrick Drahi perd, trimestre après trimestre, des centaines de milliers d’abonnés. Rien n’y fait, même la simplification de ses offres commerciales et la relance des promotions en début d’année. Le deuxième opérateur français, derrière Orange, a ainsi annoncé, le 29 août, lors de la publication de ses résultats semestriels 2024, avoir encore perdu, au deuxième trimestre, 343 000 abonnés dans le mobile et 87 000 dans le fixe (ADSL et fibre optique).
Depuis le début de cette nouvelle série noire, à l’automne 2022, qui suivait une année 2021 difficile, plus de 1,5 million de clients ont résilié leur abonnement mobile. Au 30 juin, SFR n’en comptait plus que 19,6 millions. En ajoutant les pertes dans le fixe, de l’ordre de 400 000 depuis fin 2022, ce sont près de deux millions d’abonnés en moins.
Conséquence, la santé financière de l’opérateur de télécoms ne cesse de se dégrader : au premier semestre 2024, son chiffre d’affaires a chuté de près de 5 %, à un peu plus de 5 milliards d’euros, et son résultat brut d’exploitation de 7 %, à 1,7 milliard. Sa dette nette monte de mois en mois : elle frôle maintenant 24,5 milliards d’euros.
Rendez-vous laconiques
« Nous continuons à observer une intense concurrence sur le marché mobile, notamment des marques commercialisées par Internet sur le segment bas du marché », comme B&You, de Bouygues Telecom, ou Sosh, d’Orange, a brièvement commenté Malo Corbin, le directeur financier d’Altice, lors d’une conférence préenregistrée, d’une durée de moins de huit minutes, diffusée, le 29 août, à l’attention des investisseurs du groupe. Ces derniers n’ont pas eu la possibilité de poser des questions, comme c’est habituellement le cas dans ce type d’exercice de transparence financière, encore plus lorsque les choses vont mal. La direction d’Altice avait procédé de la même façon, en mai, lors de la présentation des résultats du premier trimestre.
Ces rendez-vous laconiques font partie du bras de fer engagé par Patrick Drahi contre la centaine de fonds d’investissement qui lui ont prêté plus de 24 milliards d’euros ces vingt dernières années pour lui permettre de constituer son empire dans les télécoms. La direction d’Altice les a prévenus, le 20 mars, qu’il leur faudrait abandonner une partie de leurs créances s’ils veulent être remboursés, à partir de 2026.
Ces fonds d’investissement se sentent trahis. Après l’arrestation, en août 2023, de son associé historique, Armando Pereira, pour des délits présumés de malversations financières, l’homme d’affaires avait cherché à les rassurer en leur promettant qu’il était prêt à vendre plusieurs de ses sociétés pour éponger une partie des dettes. Altice Media (BFM-TV, RMC…) et les centres de données informatiques de SFR ont bien été cédés, mais les investisseurs n’ont pas vu un seul euro : les 2 milliards d’euros récupérés de ces cessions ont été placés dans des sociétés à part, sur lesquelles les créanciers n’ont aucun droit. Depuis, en dehors de quelques échanges par avocats et banquiers interposés, c’est la guerre froide entre Altice et ses prêteurs.
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