Le gouvernement libanais a dit accepter, lundi 27 janvier, de prolonger la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu avec Israël jusqu’au 18 février, après une médiation américaine, l’Etat hébreu n’ayant pas respecté la date limite pour retirer ses troupes du sud du pays.
En vertu de l’accord qui a mis fin, le 27 novembre 2024, à la guerre entre le Hezbollah pro-iranien et l’Etat hébreu, l’armée israélienne aurait dû achever, dimanche, son retrait du sud du Liban. Seuls l’armée libanaise et les casques bleus des Nations unies (ONU) devaient alors y être déployés. Mais Israël a annoncé vendredi que l’opération se poursuivrait au-delà de cette date, affirmant que l’accord n’avait pas été totalement appliqué par le pays du Cèdre.
Des centaines d’habitants du sud du Liban ont bravé, dimanche, l’armée israélienne et tenté de retourner dans leurs villages, certains toujours occupés par les forces de l’Etat hébreu. Ces dernières ont ouvert le feu en leur direction, faisant vingt-deux morts, dont un soldat libanais et six femmes, et 124 blessés, selon le ministère de la santé libanais.
Des correspondants de l’Agence France-Presse (AFP) ont vu des convois de dizaines de voitures, où flottaient les drapeaux jaunes du Hezbollah, converger vers des villages dévastés par la guerre entre l’armée israélienne et le mouvement pro-iranien.
Israël a affirmé que ses soldats avaient lancé « des tirs de sommation pour éliminer des menaces dans plusieurs zones où des suspects ont été identifiés en train de s’approcher des troupes », ajoutant avoir « appréhendé des suspects ». Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, avait appelé, dimanche sur X, les habitants du sud du Liban à « attendre » avant de revenir.
Les casques bleus, qui ont estimé que les conditions d’un retour des habitants n’étaient « pas encore réunies », ont déclaré qu’il était « impératif d’éviter toute détérioration supplémentaire de la situation » et appelé l’armée israélienne à « éviter de tirer sur des civils en territoire libanais ».
Le Hezbollah salue « un jour glorieux »
Dans une première réaction officielle, le Hezbollah, sorti affaibli de la guerre, a salué « un jour glorieux » et une « scène de fierté écrite par le grand peuple de la résistance [à Israël] qui prouve à nouveau son attachement profond à sa terre ». Le mouvement a appelé les pays garants de l’accord à « assumer leurs responsabilités face aux violations et aux crimes de l’ennemi israélien, et à l’obliger à se retirer entièrement ».
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Le président libanais, Joseph Aoun, a invité les habitants à faire preuve de « sang-froid » et à « avoir confiance en l’armée libanaise », « soucieuse d’assurer votre retour en sécurité dans vos foyers et vos villages ».
L’armée libanaise, qui se redéploie au fur et à mesure qu’Israël se retire, a annoncé, dimanche soir, qu’elle « continuait d’accompagner les habitants ». Elle a ajouté « se tenir à leurs côtés pour les protéger face aux attaques israéliennes », accusant l’armée israélienne de « refuser de respecter le cessez-le-feu et de se retirer » du territoire libanais.
Finalement, après l’annonce par la Maison Blanche d’une prolongation de « l’accord entre le Liban et Israël, supervisé par les Etats-Unis, (…) jusqu’au 18 février », dans un bref communiqué, les autorités libanaises ont accepté ce report de la date butoir.
La France pas évoquée par la Maison Blanche
« Le gouvernement libanais réaffirme son engagement (…) à poursuivre la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu jusqu’au 18 février », a confirmé, tôt lundi, le premier ministre libanais, Najib Mikati, dans un communiqué, après s’être concerté avec le président, Joseph Aoun, et le chef du Parlement, Nabih Berri, « au sujet (…) des résultats des contacts menés avec la partie américaine chargée de superviser l’accord ».
Parallèlement au retrait israélien, l’accord prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire restante dans le sud du pays.
Dans son communiqué, la Maison Blanche ne parle pas de la France, qui avait été étroitement associée aux négociations du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah – ainsi que sa supervision – conclu sous l’égide de l’ancien président Joe Biden. Plus tôt dimanche, le président français, Emmanuel Macron, avait demandé au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, de « retirer ses forces encore présentes au Liban », avait fait savoir l’Elysée, rendant compte d’une conversation téléphonique entre les deux dirigeants.
Par ailleurs, la Maison Blanche a annoncé, selon le communiqué, que les gouvernements du Liban, d’Israël et des Etats-Unis « entameront également des négociations pour le retour des prisonniers libanais capturés après le 7 octobre 2023 », le jour de l’attaque du Hamas palestinien contre Israël.
Ces négociations ont été demandées par le gouvernement libanais, a déclaré M. Mikati dans son communiqué lundi.