Pierre-Christophe Baguet, maire (Les Républicains) de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), s’est temporairement mis en retrait de ses fonctions d’élu après un conseil municipal houleux dans la soirée du jeudi 13 mars, où il s’est dit « mis en cause », a fait savoir la municipalité.
Face à une « mise en cause humainement inacceptable et sous l’œil de caméras de télévision opportunément convoquées par l’opposition, le maire s’est emporté, entraînant un désordre général », a expliqué la ville sur son compte X, précisant que M. Baguet « regrette profondément cette triste situation » et que, « afin de réfléchir, il décide de se mettre temporairement en retrait de ses fonctions ».
Le conseil municipal s’est tendu au moment de la présentation par une élue écologiste de l’opposition d’un vœu, portant sur le réaménagement d’une voie dans cette ville de quelque 120 000 habitants, au sud-ouest de Paris.
Ce projet est porté par un homme dont le fils, Adam, a été mortellement percuté à cet endroit en 2021 par un camion de nettoyage d’une société prestataire de la ville, alors qu’il retirait un vélo d’une station Vélib’.
Contexte particulier
Dans un message sur X, la ville de Boulogne met en avant le contexte particulier dans lequel s’est tenu le conseil municipal. M. Baguet, « au lendemain de l’anniversaire de son fils décédé en 2018, a été accusé dans l’après-midi du décès survenu la veille d’un agent municipal et le soir même par l’opposition au conseil municipal du décès d’un jeune cycliste boulonnais il y a trois ans », affirme la municipalité.
Lors du conseil, l’élue écologiste Pauline Rapilly Ferniot a proposé au père d’Adam, présent dans la salle, de prendre la parole à ce sujet – contre le règlement, qui interdit à toute personne tierce de s’exprimer lors d’un conseil municipal.
Le maire l’a rappelé à l’ordre. « Pas de noms d’oiseaux, mais c’est monté vite en (…) volume », a raconté Laurent Molard, conseiller (Parti socialiste), avant que le père d’Adam soit « évacué par la sécurité » dans le « brouhaha » et que M. Baguet suspende la séance pour échanger avec lui en aparté. Selon des conseillers municipaux, le maire n’est pas revenu assister au conseil.
« C’est l’histoire d’un guet-apens en plein conseil municipal »
« C’est l’histoire d’un guet-apens en plein conseil municipal qui fait craquer le maire au lendemain de l’anniversaire de son fils décédé », a relaté la majorité dans un communiqué.
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« Peut-être que le maire a mal compris, mais nous, on ne dit pas que la ville est responsable de l’accident [dans lequel est mort Adam], on dit juste que la ville a une responsabilité de ne pas changer l’aménagement de la place pour la rendre plus sécurisée », a expliqué Mme Rapilly Ferniot, interrogée par l’AFP.
Deux journalistes indépendants, présents pour filmer une séquence sur le père d’Adam pour France 2, ont eux affirmé avoir été agressés « par des agents de la sécurité ».
« J’ai été mis au sol violemment », a témoigné Nicolas Vescovacci, estimant qu’on avait tenté d’effacer ses images. Le journaliste a déposé une plainte, consultée par l’AFP, pour menace physique, violence aggravée en réunion, entrave à la liberté de la presse et à la liberté d’informer, et dégradation de matériel vidéo.