- Depuis 2013, une maladie dégénérative causée par un agent pathogène ravage les populations d’étoiles de mer au large des côtes de l’Amérique du Nord.
- Une équipe de chercheurs a mené des expériences pendant quatre ans pour remonter la piste jusqu’au coupable, qui vient enfin d’être identifié.
Une hécatombe silencieuse. Depuis une dizaine d’années, une maladie mystérieuse décime des populations entières d’étoiles de mer qui peuplent les eaux du Pacifique au large des côtes de l’Amérique du Nord, du Mexique jusqu’à l’Alaska. Selon le dernier bilan, l’épidémie aurait entraîné la mort de plus de 5 milliards d’individus depuis 2013, menaçant certaines espèces d’extinction. Alors que les étoiles de mer en bonne santé ont les bras gonflés qui pointent vers l’extérieur, cette maladie dégénérative provoque l’apparition de lésions et leurs bras finissent par tomber, causant leur dépérissement. L’étoile de mer tournesol, la plus vulnérable, a perdu environ 90% de sa population au cours des cinq premières années ayant suivi l’apparition de cette maladie qui affecte au total une vingtaine d’espèces.
Le coupable identifié après quatre ans d’enquête
La cause de la maladie restait inconnue. Mais en début de semaine, une nouvelle étude a identifié le responsable : une bactérie sournoise connue sous le nom de Vibrio pectenicida. Une équipe de chercheurs dirigée par Alyssa-Lois Gehman, biologiste marine à l’Institut Hakai, a mené des expériences pendant quatre ans pour remonter la piste jusqu’au coupable. Les résultats de ces recherches, qui ont été publiés dans la revue Nature Ecology and Evolution
(nouvelle fenêtre), ouvrent maintenant la voie au rétablissement des populations d’étoiles de mer, ce qui était impossible sans connaître l’origine de la maladie. Maintenant qu’on en connait la cause, des programmes de réintroduction vont pouvoir être mise en place, en sélectionnant par exemple les individus qui présentaient la plus grande résistance à la bactérie.
Une autre piste à l’étude consisterait à utiliser des probiotiques afin d’aider les étoiles de mer à lutter contre cet agent pathogène, une technique qui a fait ses preuves avec les coraux, comme l’explique le New York Times
. En sauvant les étoiles de mer, c’est tout un écosystème qui va pouvoir renaître. Les populations d’oursins, dont ces animaux se nourrissent habituellement, ont explosé dans le même temps, mettant en péril les forêts de varech.
Ces dernières fournissent nourriture et habitat à une grande variété d’espèces marines, notamment des poissons, des loutres de mer ou des phoques. Grâce à cette découverte, les scientifiques espèrent faire repousser les forêts de varech que certains surnomment les « forêts tropicales de l’océan ».