Sa binette racle la terre mais ne parvient pas à aérer le sol du potager. « C’est du caillou ! », s’agace Jacques Anssette. Sur sa parcelle de 40 mètres carrés, à Mouvaux, dans la métropole lilloise, il constate déjà les dégâts de la sécheresse installée. « Les fèves et les petits pois n’ont rien donné. Les tomates, j’arrose matin et soir, sinon c’est mort. » Ce retraité de la fonction publique n’a pas été surpris d’apprendre la mise en vigilance sécheresse du département du Nord, le 16 mai, avant que ce soit le tour du Pas-de-Calais, mercredi 21 mai. « Et l’an dernier, on était noyés sous la flotte, ça ne tourne plus rond. »
Parce qu’il est urgent de « réduire la tension sur la ressource, déjà forte », la préfecture du Nord s’est appuyée sur le niveau des nappes et les bilans pluviométriques : un déficit record de 63 % depuis février. Soit le trimestre le plus sec depuis 1959.
La recharge exceptionnelle des nappes phréatiques au cours de l’hiver 2023-2024, marqué par de très fortes inondations, s’est considérablement ralentie, et la sécheresse des sols « est renforcée par des épisodes de vent récurrents ». Le vent du Nord, que connaît bien Pascal Delefortrie, agriculteur à Bousbecque, près de la frontière belge. « Il souffle depuis trois mois. Quand il vient du nord, ça dessèche tout, il n’y a rien de pire que ça. » La pluie annoncée pour ces jours-ci ? « Il faudrait qu’il pleuve très longtemps pour renverser la vapeur : au moins 20 millimètres tout de suite, ensuite très régulièrement », soupire-t-il.
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