L’évolution est subtile, prudente, mais claire : dans sa première prière dominicale depuis son élection, le pape Léon XIV a laissé entrevoir une rupture avec son prédécesseur argentin sur le dossier ukrainien. Le pape américain s’est exprimé au balcon de la basilique Saint-Pierre pour le Regina caeli, dimanche 11 mai, et il a appelé « les grands de ce monde » à arrêter la guerre, que ce soit à Gaza, entre l’Inde et le Pakistan, ou donc en Ukraine.
S’agissant de ce pays, il a demandé « une paix authentique, juste et durable », formule qui tranche avec le ton qu’employait François. Au nom d’un pacifisme total, celui-ci appelait plus volontiers de ses vœux une paix immédiate, et avait demandé à l’Ukraine d’avoir « le courage du drapeau blanc ». A plusieurs reprises, il avait paru mettre sur un même plan agresseur et agressé, ou évoqué « les aboiements de l’OTAN à la porte de la Russie ».
« Je porte dans mon cœur les souffrances du peuple ukrainien bien-aimé, a dit Léon XIV. Tout doit être fait pour parvenir au plus tôt à une paix authentique, juste et durable ». Il a également plaidé pour que « tous les prisonniers soient libérés et que les enfants puissent retourner auprès de leurs familles ».
« Une invasion impérialiste »
Cette sémantique est proche de celle employée par Kiev et ses alliés européens, qui font valoir qu’un simple arrêt des combats ne résout rien, quand l’administration américaine dirigée par Donald Trump pousse Kiev à accepter un accord de paix aux termes de Moscou, semblable à une capitulation pure et simple.
Les propos du nouveau pape, élu le 8 mai, interviennent alors que Vladimir Poutine a relancé samedi l’idée de « négociations sans aucune condition préalable « , qui pourraient, selon le président russe, « commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul ». En 2022, alors qu’il se trouvait encore au Pérou, le cardinal Robert Prevost, futur Léon XIV, avait condamné avec fermeté, dans un entretien au média Semanario Expresión, « l’agression injuste » lancée par Moscou, et évoqué « une invasion impérialiste » et des « crimes contre l’humanité » perpétrés par les forces russes.