Le procès des assistants parlementaires du Front national (FN), qui menace Marine Le Pen d’inéligibilité, ne dissuade pas le Rassemblement national (RN) de compter sur la générosité du contribuable européen. Son président, Jordan Bardella, s’est vu refuser, en novembre, l’embauche comme assistant parlementaire local de son directeur de cabinet, comme l’a révélé Le Canard enchaîné, le 4 décembre. Neuf autres eurodéputés d’extrême droite, élus en juillet, sont dans la même situation.
La lettre de refus du Parlement européen à Jordan Bardella, que Le Monde s’est procurée, mentionne le risque que « les ressources de l’Union (…) soient utilisées à d’autres fins que celles auxquelles elles sont censées être affectées, notamment au profit d’un mouvement politique ». Le président du RN, de son côté, s’étonne : son directeur de cabinet était déjà rémunéré comme assistant parlementaire local lors du mandat européen précédent et des preuves de son travail en la matière ont été apportées. Les assistants parlementaires locaux sont payés directement par le député européen, au contraire des assistants installés à Bruxelles. Ils sont censés aider l’élu à expliquer son travail d’eurodéputé dans sa circonscription, en l’occurrence la France.
François Paradol, 37 ans, est l’homme de confiance de Jordan Bardella depuis les premières réunions militantes de ce dernier, dans les années 2010. Longtemps salarié d’e-Politic, le prestataire de communication du RN, il dirige son équipe réduite de collaborateurs au siège parisien du parti. D’autres responsabilités l’occupent : son mandat de conseiller régional d’Ile-de-France, où il siège nettement plus que son patron, son siège au conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités, le syndicat régional des transports en commun, et sa fonction bénévole de président de l’Association de financement du RN. En sus, il est, depuis 2020, assistant parlementaire local du député européen Jordan Bardella. C’est en voulant renouveler ses fonctions, après sa réélection, que le numéro un du parti s’est heurté au refus de l’institution.
« Il n’y a rien de problématique »
Selon la réponse faite par le Parlement européen, M. Bardella revendiquait pour son proche un contrat de 21,5 heures par semaine, pour un salaire mensuel brut de 1 815 euros, permettant de hisser la rémunération totale de son directeur de cabinet à 6 027 euros mensuels brut. Pour le Parlement européen, « étant donné [ses] responsabilités de président du RN et au vu de la rémunération versée par le RN à M. Paradol, il semblerait que les fonctions d’“assistant du président RN” de ce dernier dépassent le simple support administratif et représente plus qu’un “tiers temps” ».
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