Même les socialistes les plus proches d’Olivier Faure ont avalé leur croissant de travers, vendredi 6 décembre au matin, en écoutant son interview sur Franceinfo. De manière très surprenante, quelques heures avant d’être reçu à l’Elysée pour discuter de la formation d’un nouveau gouvernement, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) s’est dit prêt à discuter avec les macronistes, et même la droite, sur la base « de concessions réciproques ». Il s’est dit aussi prêt à faire « des compromis sur tous les sujets », y compris sur l’abrogation de la réforme des retraites, hautement symbolique pour la gauche. Le patron du PS a ainsi évoqué « un gel » de la réforme, et non plus une abrogation immédiate, avec la nécessité d’organiser « une conférence de financement ». Une idée suggérée, cet été, par le député de l’Essonne, Jérôme Guedj, en rupture de ban avec Jean-Luc Mélenchon, mais qui avait, à l’époque, reçu un accueil glacial.
Deux jours après avoir fait chuter le gouvernement Barnier, issu de la droite donc, le changement de pied est spectaculaire. Trop sans doute… Olivier Faure a déstabilisé jusqu’à sa garde rapprochée, pas du tout au courant que leur patron irait si loin. Les mêmes qui, il y a quelques jours encore, rejetaient fermement la proposition de Gabriel Attal d’un accord de non-censure allant de Les Républicains (LR) au PS. Le patron du PS n’a prévenu personne de la tonalité de son interview matinale, au point que certains estiment qu’elle a été mal préparée. La fatigue aussi, peut-être… Pourquoi lâcher autant de lest avant le rendez-vous présidentiel alors que le PS n’a aucune garantie, voire peu de chance, de voir un des représentants du Nouveau Front populaire (NFP) être nommé à Matignon ? Ça a un peu tangué sur les boucles téléphoniques du PS.
Olivier Faure a donc été contraint de recadrer son propos, juste avant d’être reçu par le président de la République, à 12 heures. Il a réclamé, cette fois, « un premier ministre de gauche ». Une ligne, de nouveau ferme, répétée à la sortie du rendez-vous, agrémentée de garanties. Non, le PS ne participera pas « à un gouvernement dirigé par un premier ministre de droite ».
Trop tard pour que Jean-Luc Mélenchon ne laisse passer l’occasion. A 12 h 08, le leader de La France insoumise (LFI) réagissait sur X : « LFI n’a donné aucun mandat à Olivier Faure, ni pour aller seul à cette rencontre, ni pour négocier un accord et faire des “concessions réciproques” à Macron et LR. Rien de ce qu’il dit ou fait n’est en notre nom ou en celui du NFP », a tancé le leader de LFI. Est-il marri que son ancien parti soit, pour une fois, au centre du jeu ? D’habitude, c’est lui qui imprime la cadence de l’union de la gauche sans requérir de permission. En septembre, il avait lancé le processus de destitution d’Emmanuel Macron, parasitant la réception du NFP et de Lucie Castets à l’Elysée, prévue quelques jours plus tard.
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