Le 29 juillet, Pavel Durov se vantait de sa nombreuse descendance. « [émoji tête qui explose] On vient de me dire que j’ai plus de 100 enfants biologiques, écrit-il sur sa chaîne Telegram. Il y a quinze ans, un ami (…) [infertile] m’a demandé de faire un don de sperme (…). Le patron de la clinique m’a dit qu’il y avait une pénurie de “matériel de donneur de haute qualité” et qu’il était de mon devoir civique de donner plus. » Un mois plus tard, ce sont les violences que le PDG de Telegram aurait fait subir à l’un de ses cinq enfants conçus naturellement qui font la une du site de Forbes.
Selon les informations du magazine américain, confirmées par Le Monde, Irina Bolgar, qui fut la compagne de M. Durov jusqu’à la fin de l’année 2018 et la mère de trois de ses enfants, a déposé une plainte le 27 mars 2023 à Genève, où elle réside, pour trois faits de violences envers leur fils cadet. Contactée, Mme Bolgar n’a pas souhaité faire de commentaires. Telegram n’a, pour sa part, pas donné suite à nos sollicitations à l’heure de la publication.
Ces révélations interviennent après la mise en examen de M. Durov, mercredi, en France, pour douze infractions relevant pour la plupart de la criminalité organisée. Il est reproché à la messagerie Telegram – et donc à son PDG – son absence de coopération avec les autorités judiciaires, notamment dans les affaires de criminalité organisée ou encore de pédopornographie.
Commotion cérébrale
Selon l’arrêt du lundi 23 octobre 2023 de la chambre pénale de recours de la Cour de justice du canton de Genève, consulté par Le Monde, la plainte de Mme Bolgar fait état de trois épisodes de violence, qui auraient eu lieu en sa présence et en celle des deux autres enfants. Deux autres récits de violence se sont ajoutés en cours de procédure.
En avril 2021, alors que la famille était venue voir M. Durov aux Emirats arabes unis où il réside, il aurait « frappé le garçon [de trois ans] dans le dos, le projetant “à l’autre bout de la pièce” », indique le document judiciaire. En novembre 2021, c’est cette fois à Paris que M. Durov aurait « à nouveau tapé l’enfant dans le dos, puis l’[aurait] saisi et, le soulevant du sol, secoué avec force », selon ce même document, qui précise :
La tête du garçon avait dodeliné en tous sens et ses chaussures étaient tombées. Le lendemain, le mineur s’était plaint de nausées et avait été dans une sorte d’état léthargique, selon la retranscription des messages échangés, le jour en question [entre les deux parents].
A cet état de léthargie passager, qualifié de « commotion cérébrale » plus loin dans le document judiciaire, se sont ajoutés, pour l’enfant, des incontinences nocturnes et des « cauchemars récurrents » qui ont duré « plusieurs mois ».
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