C’est la fin d’un procès largement médiatisé en Norvège. Gjert Ingebrigtsen, 59 ans, a été condamné, lundi 16 juin, à quinze jours de prison avec sursis pour un cas de violences sur sa fille Ingrid. Il a en revanche été relaxé par la justice en ce qui concerne son fils Jakob, athlète double champion olympique (du 1 500 m en 2021, et du 5 000 m en 2024), qu’il a entraîné jusqu’en 2022. Ingrid et Jakob accusaient leur père de violences physiques et psychologiques entre 2008 à 2022. Des accusations qu’il rejette.
A l’issue du procès qui s’est tenu du 24 mars au 15 mai devant le tribunal de Sandnes, dans le sud-ouest de la Norvège, les juges l’ont reconnu coupable d’un épisode violent envers sa fille. La jeune femme de 19 ans affirmait, photographie d’une joue rougie à l’appui, que son père l’avait frappée au visage avec une serviette de toilette mouillée lors d’une dispute en janvier 2022. Lui dit avoir visé le doigt qu’elle tendait. Gjert Ingebrigtsen a aussi été condamné à lui verser 10 000 couronnes (873 euros) de réparations financières.
« Ils n’ont pas dit qu’ils étaient déçus. Ils ont dit qu’ils étaient surpris », a déclaré l’avocate Mette Yvonne Larsen en évoquant la réaction de Jakob et Ingrid, tous deux parties civiles, au jugement. « Ce qui a été déterminant pour la conclusion du tribunal, c’est l’absence de preuves démontrant que Gjert Ingebrigtsen aurait instauré une peur constante chez ses enfants », ont déclaré les avocats du père dans un communiqué, ajoutant que « le tribunal a notamment souligné que plusieurs membres proches de la famille ainsi que des personnes extérieures n’avaient ni observé ni été témoins de mauvais traitements ».
Une éducation « traditionnelle et patriarcale »
« Mon enfance a été largement marquée par la peur », avait témoigné Jakob lors du procès en chargeant son père, qu’il dit avoir arrêté d’appeler « papa » à l’âge de 11-12 ans et qu’il désigne désormais comme « l’accusé ». « Je sentais que je n’avais pas de libre choix et que je n’avais pas mon mot à dire. J’étais dans un environnement où tout était contrôlé et décidé à ma place », avait affirmé le coureur de demi-fond de 24 ans, se disant incapable de citer un seul bon souvenir de son enfance.
Les deux partis disposent à présent de quatorze jours pour faire appel alors que le parquet avait requis deux ans et demi de prison contre Gjert Ingebrigtsen, tandis que la défense plaidait la relaxe. A la barre, celui-ci s’était dépeint comme un père « excessivement protecteur » qui a donné une éducation « traditionnelle et patriarcale » à ses sept enfants, soucieux de contribuer à leur succès et ne recevant que de l’ingratitude en retour.
Jakob Ingebrigtsen et deux de ses frères également athlètes, Henrik et Filip, avaient mis publiquement en cause leur père, en octobre 2023, dans une tribune publiée dans la presse norvégienne. La police avait ouvert une enquête élargie à toute la fratrie, mais seuls les faits concernant Jakob et Ingrid ont été retenus, les autres ayant été classés faute de preuves ou pour cause de prescription.