- Le coût des fruits et légumes s’est stabilisé entre 2024 et 2025, après avoir enregistré une baisse précédemment, selon un Observatoire de l’association Familles rurales.
- Le prix des fruits est même remonté, tandis que du côté des légumes, une légère baisse a en revanche été observée.
- Malgré ces légères fluctuations, la « tendance » générale est à la forte hausse, relève l’association, qui craint un vrai « décrochage » par rapport aux salaires.
La recommandation, largement répétée, est bien connue : cinq portions de fruits et légumes par jour, pour une alimentation saine. Mais pour de nombreux Français, des « freins économiques »
subsistent pour y parvenir. Dans son 19e Observatoire du prix des fruits et légumes (nouvelle fenêtre), publié ce mercredi 30 juillet, l’association de défense des consommateurs Familles rurales constate qu’après une baisse importante entre 2023 et 2024, les coûts des paniers se sont stabilisés depuis l’année dernière, et repartent même à la hausse pour les fruits. Un budget lourd à porter pour certains ménages (nouvelle fenêtre).
L’étude de l’association porte sur un panier de 9 fruits et 10 légumes frais, à la fois conventionnels et bio. Dans la précédente édition de son Observatoire, elle avait ainsi relevé une « baisse remarquable »
(nouvelle fenêtre) de son panier de produits conventionnels, avec une baisse de 7% enregistrée entre juin 2023 et juin 2024. Une respiration « après plusieurs années de
fortes hausses
(nouvelle fenêtre)«
, pointe le rapport.
Mais désormais, « l’évolution des prix marque le pas avec une quasi-stabilité »
: une très légère baisse de 0,4% a été enregistrée entre juin 2024 et juin 2025. Quant au bio, les chiffres sont même repartis à la hausse (nouvelle fenêtre), avec une « évolution remarquable de + 5%, tirée par le prix des fruits bio en particulier »
.
Le prix du citron et de la pêche en nette hausse
Car ces prix moyens « cachent de fortes disparités entre les fruits et les légumes »
, relève Familles rurales. Sur le panier de fruits, les prix ont ainsi progressé : + 7% pour le bio et + 2% pour le conventionnel. Dans le détail, en conventionnel, certains produits ont vu leurs tarifs baisser (- 6% pour la banane, – 7% pour la cerise). Mais ils restent à la marge face aux « fortes hausses »
sur d’autres fruits : le prix du citron a ainsi flambé, bondissant de 26%, tandis que celui de la pêche a grimpé de 9%. Côté bio, la pastèque, pourtant parmi les fruits les plus accessibles, « enregistre l’augmentation la plus remarquable cette année : + 39% »
.
En revanche, la situation s’améliore légèrement du côté des légumes, avec une baisse de 1% pour le bio et de 3% pour le conventionnel. Certaines diminutions sont même particulièrement marquées, comme – 21% pour les pommes de terre et -18% pour la courgette (en agriculture conventionnelle). Seule exception, le prix des tomates a « explosé »
, avec une hausse de 25%.
Ces variations de prix peuvent être liés à la météo du printemps (nouvelle fenêtre), les tarifs étant relevés en juin. « Sur les derniers jours de mai, une météo maussade a réduit la demande de fruits et légumes pouvant provoquer un début de crise conjoncturelle sur certains légumes »
, soulève le rapport. Puis « le retour d’une météo plus clémente a relancé la demande, provoquant une remontée des prix »
, note-t-il.
Le coût mensuel de paniers à petits prix et bio progresse
Par ailleurs, Familles rurales s’est penchée sur le budget mensuel nécessaire pour acheter un panier de 19 fruits et légumes en suivant les recommandations du Programme National Nutrition Santé, pour une famille de quatre personnes. Et constaté que ce dernier a légèrement augmenté, dans plusieurs cas.
En optant pour un panier avec des produits au prix le plus bas possible, le budget mensuel a grimpé de 2% entre 2024 et 2025, passant de 130 à 133 euros, soit « 9,4% d’un Smic net »
. À l’autre bout de l’échelle de tarifs, un panier exclusivement bio (nouvelle fenêtre) a lui aussi progressé, et plus sensiblement encore. L’association enregistre une hausse de 5% des prix, grimpant de 241 euros à 254 euros, soit « jusqu’à 17,9% d’un Smic »
. « En ne retenant que les cinq produits les moins chers de notre panier »
, on passe toutefois à 62 euros en conventionnel, et à 103 euros en bio. Mais le prix de ce panier bio a augmenté de 10% par rapport à 2024, et représente toujours 7,3% d’un Smic net, selon l’association.
« Si Santé Publique France recommande
d’aller vers des fruits et légumes de saison, des aliments de producteurs locaux et, si possible, des aliments bio (…) force est de constater que le champ des possibles se limite dangereusement pour les budgets les plus contraints »
, s’inquiète Famille Rurales dans un communiqué. Elle rappelle que 41% des consommateurs se disent « très inquiets »
de résidus de pesticides (nouvelle fenêtre) dans ces produits, selon une étude (nouvelle fenêtre) de l’interprofession Interfel publiée en février.
En revanche, le prix de deux autres paniers s’est quant à lui stabilisé : l’un composé de fruits et légumes conventionnels, à la fois produits en France et hors du pays, et un autre composé de produits exclusivement français. Le prix monte à 143 euros pour le premier, 147 pour le second. « Il n’en coûte que quatre euros supplémentaires »
de consommer exclusivement français, constate Familles rurales.
Des hausses de prix vertigineuses sur 10 ans
De manière générale, malgré les baisses enregistrées sur certains produits, le prix des fruits et légumes a brutalement augmenté depuis une décennie : + 59% pur les fruits et + 64% pur les légumes, alors même que le salaire moyen, lui, n’a évolué que de 27% par tête. « Les évolutions en dents de scie des fruits et légumes marquent la saisonnalité de ces produits mais la tendance est bien là »
, déplore l’association, qui « s’inquiète de cette évolution générale »
et redoute « un décrochage auquel peu de consommateurs savent faire face »
.
Familles Rurales appelle ainsi les autorités à se mobiliser pour « lever les freins à la
consommation des fruits et légumes
(nouvelle fenêtre), et préserver la santé des Français »
, à l’heure où « seul un enfant sur dix »
et « trois adultes sur dix »
suivent les recommandations de cinq portions par jour et personne. Elle demande notamment « l’accès à prix coutant d’un panier composé d’une centaine de produits sains pour notre santé, notre environnement »
.