Dans sa cellule de prison, « épuisée moralement et physiquement », Anna Arkhipova continue de « rêver d’une autre Russie ». Etudiante à Novossibirsk, grande ville de Sibérie, elle militait avec d’autres jeunes libéraux et démocrates au sein du mouvement au nom symbolique : « Vesna », le « printemps » en russe. Lorsqu’en février 2022, le Kremlin a lancé son « opération militaire spéciale » en Ukraine, l’organisation, qui depuis près d’une décennie multipliait des actions à travers le pays contre le Kremlin de Vladimir Poutine pour défendre « la construction d’une nouvelle Russie fondée sur la liberté et les droits humains », s’est clairement opposée de l’intérieur à cette invasion à grande échelle. Après une année de pressions judiciaires et de perquisitions policières, six militants ont fini par être arrêtés au printemps 2023. Parmi eux : Anna Arkhipova, alors âgée de 25 ans.
Depuis plus de deux ans, alors qu’une vingtaine d’autres jeunes du mouvement pareillement poursuivis ont pu échapper à la prison en quittant la Russie à temps, la jeune fille est en détention provisoire. L’enquête a duré une longue année et le procès s’éternise. Depuis le début de l’été, avec Evguenï Zateev, Valentin Khorochenine, Yan Ksenjepolsky, Vassili Neustroev et Pavel Sinelnikov, les cinq autres prévenus, Anna Arkhipova assiste chaque mercredi aux audiences depuis leur cage vitrée du tribunal de Saint-Pétersbourg chargé de « l’affaire Vesna ». Poursuivie de sept chefs d’accusation, notamment pour participation à « une communauté extrémiste », atteinte à la sécurité de l’Etat et publication de « fake news » sur l’armée, l’ex-étudiante avait pourtant, par prudence, arrêté de participer aux actions de Vesna au fil de l’année 2022. Mais, aujourd’hui, elle encourt jusqu’à quinze ans de prison. C’est l’un des quelque 1 500 prisonniers politiques russes.
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