- Le nouveau Premier ministre s’apprête à recevoir les principaux partis d’opposition d’ici mercredi, la gauche en tête.
- LFI mis hors-jeu, les Écologistes et le PCF déjà prêts à voter la censure, les espoirs du nouveau chef du gouvernement reposent sur le Parti socialiste.
- Rue de Solférino, on pose déjà ses conditions, même si un échec et une nouvelle dissolution pourraient se révéler périlleux…
L’heure des consultations a commencé pour Sébastien Lecornu. Après avoir échangé avec ses alliés du bloc central et des Républicains en fin de semaine, le nouveau Premier ministre recevait les syndicats ce lundi avant de poursuivre son tour d’horizon des formations politiques. L’objectif ? S’éviter une motion de censure lors de la discussion du budget 2026. On connaît déjà l’hostilité du RN, Marine Le Pen et Jordan Bardella prônant une nouvelle dissolution, ou la démission d’Emmanuel Macron dimanche à Bordeaux.
La gauche, elle, paraît plus divisée. Si le chef du gouvernement a exclu LFI de la discussion, les Écologistes et le Parti communiste se rendront à Matignon… mais ont déjà fait savoir qu’ils voteraient la censure. Le Parti socialiste, en revanche, souffle le chaud et le froid. « Toute continuation du macronisme aboutira au même résultat : la censure »,
avait averti vendredi le député Philippe Brun sur France 2. « Sébastien Lecornu a une responsabilité majeure, parce que s’il échouait à nouer un compromis, je ne vois pas d’autre option que la dissolution »
, a lâché pour sa part l’ancien président François Hollande dans Le Figaro
ce dimanche.
49.3, retraites, taxe Zucman : un dialogue impossible ?
Première condition mise sur la table par le PS : que le nouveau chef du gouvernement s’engage à ne pas utiliser l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote de l’Assemblée, pour démontrer que la méthode change. Une exigence qui sera difficile à tenir pour le nouveau locataire de Matignon, aucun budget n’ayant pu être adopté sans 49.3 depuis 2022, faute de majorité. Dans un entretien à la presse régionale, l’intéressé a déjà fait savoir qu’il aimerait « ne pas être contraint de l’utiliser »
, renvoyant la responsabilité d’un échec à ses opposants.
Deuxième condition, presque aussi périlleuse : un virage politique à gauche, avec une baisse des économies annoncées par François Bayrou et l’intégration dans le budget d’une partie des propositions socialistes présentées fin août, pour réorienter la politique économique du gouvernement vers plus de justice fiscale. Le Parti socialiste propose notamment de revenir sur la réforme des retraites et la mise en place de la fameuse taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux marqueurs de gauche vus comme des lignes rouges par le bloc central.
Le risque d’une nouvelle dissolution
Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu a fait un premier geste en renonçant à la suppression de deux jours fériés, proposée par son prédécesseur pour renflouer les caisses. Il a en revanche d’ores et déjà annoncé qu’il ne rouvrirait pas de « conclave »
sur la réforme des retraites, affirmant qu’il misait sur « le dialogue avec les partenaires sociaux »
pour trouver « d’autres sources de financement »
. Enfin, sur la question de la taxe Zucman, il s’est dit prêt à travailler sur des « questions de justice fiscale »
, tout en appelant à faire « attention au patrimoine professionnel, car c’est ce qui permet de créer des emplois et de la croissance en France ».
« Quand vous parlez de patrimoine professionnel, vous pensez à la machine-outil, vous pensez au tracteur, vous pensez au métier à tisser. Or, il n’est pas question de cela »
, lui a rétorqué ce lundi matin le patron du PS Olivier Faure sur France 2. « Ici, on parle d’actions, en réalité. La fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions. Si on retire ce qui est l’essentiel de la richesse de la base imposable, en réalité, vous n’avez rien à imposer. »
Faut-il s’attendre à un dialogue de sourds mercredi ? Le PS n’y a pas forcément intérêt non plus. Car si Emmanuel Macron venait à dissoudre l’Assemblée nationale, en cas de chute d’un troisième gouvernement en l’espace d’un an, un retour aux urnes pourrait coûter cher à la rue de Solférino, alors que la formation ne compte déjà plus que 66 députés, son pire score depuis les élections législatives de 1993.
D’après un sondage Ifop pour LCI publié le 9 septembre dernier, une nouvelle union des gauches du type Nouveau Front populaire comme en 2024 ne recueillerait que 24% des suffrages, loin derrière le RN, crédité à plus de 30%. Pire : si LFI faisait cavalier seul, le parti de Jean-Luc Mélenchon obtiendrait 9%, le PS et ses alliés 19%, compromettant la présence d’un candidat de gauche au second tour dans de nombreuses circonscriptions. Pas l’idéal pour préparer les municipales en 2026 et la prochaine présidentielle, anticipée ou pas.