Le journal régional Nice-Matin, qui célébrait ses 80 ans lundi 15 septembre, n’a été publié ni en version papier ni en numérique en raison d’une grève des salariés de l’imprimerie, préoccupés par l’avenir du groupe, propriété de Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du groupe Le Monde) depuis 2019.
Dans la nuit de dimanche à lundi, la Chambre syndicale typographique niçoise-CGT a bloqué l’impression de l’édition d’anniversaire, soutenue par ses collègues syndicaux du journal La Provence. Sur la façade du siège du journal, ses membres ont aussi accroché des pendus de chiffon et une immense banderole : « 1945-2025 – Mort de “Nice-Matin” »
Le groupe préparait cet anniversaire depuis plusieurs mois, avec un logo spécial et une nouvelle formule. « Nous, on n’avait pas le cœur à la fête », explique l’un des ouvriers qui impriment tous les soirs les différentes éditions du quotidien. « C’est moins un anniversaire qu’un avis de décès. On ne sait pas ce qu’on va devenir », déplore-t-il. En cause : le projet de délocalisation de l’imprimerie à 200 kilomètres de Nice, dans des locaux qu’elle partagerait avec La Provence. Selon les syndicats, le choix d’une délocalisation créera inexorablement « des problèmes de bouclage, des problèmes de livraison, et une concurrence inévitable sur l’heure d’impression entre deux journaux qui couvrent la même région ».
« Tout s’effondre »
L’incertitude autour de l’avenir du journal est aussi liée à la dégringolade de la régie publicitaire ainsi qu’à un projet d’imprimerie commune entre les groupes Nice-Matin et La Provence, à Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône, entraînant potentiellement des contraintes supplémentaires pour les journaux niçois et varois, ainsi que la suppression d’éditions locales.
« Depuis l’arrivée de Xavier Niel, tout s’effondre, le journal se vide de son essence, avec pour seul objectif la baisse des coûts au travers de la réduction drastique de la masse salariale à coups de plans de départs », tractait la CGT lundi. En mars, les journaux du groupe n’étaient pas parus à deux reprises, du fait d’abord d’une grève contre le projet de délocalisation de l’impression, puis d’une grève de la rédaction.
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