Vient toujours un moment où le roi Donald a le sentiment qu’on le mène en bateau. Il n’aime pas. Avec son protégé Benyamin Nétanyahou, ce fut le 9 septembre, le jour où la chasse israélienne s’en prit au Qatar – pour bombarder l’immeuble où se retrouvaient les chefs du Hamas palestinien hébergés dans cet émirat. Jusque-là, le premier ministre israélien opérait en roue libre, dans les territoires palestiniens occupés comme dans toute la région, avec un feu vert complice de la Maison Blanche. Mais le raid sur le Qatar fut une grosse bourde. Qui est peut-être à l’origine du plan de paix pour Gaza – et du premier dénouement heureux de ce jeudi 9 octobre.
Passe encore que le Qatar accueillait, à la demande de toutes les parties, y compris l’Etat hébreu, les conversations qui ont facilité la libération de plusieurs dizaines d’Israéliens pris en otage le 7 octobre 2023 par le Hamas. Le richissime émirat était l’intermédiaire nécessaire à la poursuite des pourparlers. Le raid israélien, qui semble avoir raté ses cibles, ne pouvait avoir qu’un objet : enterrer la négociation en « bombardant les négociateurs », écrit le New York Times, le 6 octobre, dans un récit sur la genèse du plan pour Gaza. Mais le Qatar représentait bien plus pour Washington. Israël s’en est pris à un « pays ami » des Etats-Unis, a commenté la Maison Blanche ; un pays qui héberge la plus importante base américaine au Moyen-Orient ; un pays dont la famille régnante, les Al Thani, est en affaires avec la famille Trump et avec celle de l’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région, Steve Witkoff…
Provocation, les Etats-Unis n’ont été prévenus qu’au dernier moment du raid du 9 septembre : Trump était défié par Nétanyahou. Comme si ce dernier pouvait toujours compter sur l’infinie mansuétude du président républicain. Celui-ci semble avoir compris ce jour-là qu’il n’arriverait à rien à Gaza sans tordre le bras aux uns et aux autres, aux Etats arabes comme à Nétanyahou. Le plan porte la marque de ce début de retour des Etats-Unis à une position d’« honnête » et indispensable médiateur au Moyen-Orient – au moins ponctuellement.
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