Leur première initiative est tombée à plat, mais ne constitue sans doute qu’un début. Le président français, Emmanuel Macron, le chancelier allemand, Friedrich Merz, les premiers ministres britannique et polonais, Keir Starmer et Donald Tusk, ont bien tenté, lors de leur voyage commun à Kiev, samedi 10 mai, de lancer une sorte d’ultimatum à Vladimir Poutine, sous la menace d’un nouveau train massif de sanctions, pour qu’il accepte enfin le cessez-le-feu proposé depuis plus de deux mois par Donald Trump. Le président russe n’en a rien fait, puis, sans surprise, a snobé, quelques jours plus tard en Turquie, le rendez-vous fixé comme un défi par son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Ces grandes manœuvres ont beau avoir tourné court, elles ont scellé le rapprochement entre quatre dirigeants européens mobilisés en soutien de l’Ukraine face à la Russie. Aux yeux des membres de ce quatuor, tout démontre à ce jour que Vladimir Poutine n’a pas l’intention d’arrêter « sa » guerre, plus de trois ans après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine.
Mais la difficulté est d’en convaincre Donald Trump. En effet, les combats continuent sur le front, tandis que missiles et drones russes poursuivent, chaque jour, leur travail de sape en profondeur, en ciblant des civils et des infrastructures. Une paix négociée « juste » et « durable » semble encore très loin.
Il n’empêche, ce voyage à quatre marque un tournant dans la mobilisation des Européens pour tenter de peser sur l’issue d’un conflit dont dépend leur sécurité collective. A plusieurs reprises ces dernières semaines, on a vu les uns et les autres rassemblés autour d’un téléphone pour parler ensemble au président américain. A l’inverse, aucun n’a entrepris de s’adresser au président russe, bien qu’Emmanuel Macron, notamment, n’exclut pas cette possibilité, si son homologue le veut bien un jour.
Dépasser le tandem franco-allemand
Un tel format constitue la pointe avancée de la « coalition des volontaires » que les Européens ont mis en place, à l’initiative des dirigeants français et britannique, afin, à l’origine, de déployer des troupes occidentales sur le territoire du pays agressé, en cas de cessez-le-feu. Cet attelage permet de rassembler l’Ouest et l’Est du continent, en intégrant la Pologne, force militaire montante, en première ligne face à la Russie et sa vassale biélorusse. Une puissance continentale en devenir, encore marquée par l’aveuglement de Paris et de Berlin face à Moscou avant l’invasion de février 2022.
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