Dans la course au recentrage des démocrates, Gavin Newsom a frappé fort. Gouverneur d’un Etat (la Californie) furieusement anti-Trump, premier maire américain à avoir marié des couples gay (à San Francisco, en 2004), l’élu et possible espoir de son parti pour la présidentielle 2028 n’a pas hésité à aller à l’encontre du dogme de la gauche sur la participation des athlètes transgenres dans le sport féminin. « Profondément injuste », a-t-il estimé.
Dans l’échelle des problèmes auxquels sont confrontés les Etats-Unis, la question des sportives transgenres pourrait ne pas apparaître des plus cruciales. De l’aveu même du président du sport universitaire, Charlie Baker, il y a « moins de dix » athlètes transgenres sur 510 000 sportifs dans les compétitions entre universités.
Mais les républicains en ont fait l’un des axes de leur campagne en 2024, et les démocrates se sont trouvés pris au piège de la machine républicaine à fabriquer des indignations. L’un des clips de campagne de Donald Trump qui a le plus nui à Kamala Harris, selon les sondeurs, est celui qui montre la candidate, alors procureure générale de Californie, défendre l’accès à la chirurgie de transition de genre pour les détenus. « Kamala est pour eux/elles ; le président Trump est pour vous », disait la publicité.
« Une question d’équité »
Fasciné par l’efficacité avec laquelle les conservateurs diffusent leurs messages, le gouverneur de Californie étudie depuis longtemps la « méthode » Fox News. Après la défaite de Joe Biden, en novembre 2024, Gavin Newsom a annoncé le lancement d’un podcast où il n’inviterait que des adversaires politiques. Pour sa première émission, le 6 mars, il recevait Charlie Kirk, 31 ans, le fondateur de l’organisation étudiante de droite Turning Point USA et figure de proue du conservatisme agressif. Installé en Arizona, Charlie Kirk est de ceux qui ont propagé l’idée que l’élection de 2020 avait été « volée » à Donald Trump.
La conversation a abasourdi les progressistes. Assis dans des fauteuils club, Gavin Newsom, figure de la « résistance » anti-Trump, et Charlie Kirk, l’influenceur de la jeunesse MAGA, devisent aimablement. Le premier confie son admiration au second pour avoir eu un « sacré impact » sur le vote des jeunes. Admiration partagée par son fils de 13 ans, avoue le démocrate. Et de demander des conseils à son invité sur la manière de rajeunir le message du parti. « Trouvez de meilleures idées, gouverneur », répond le trentenaire, qui se félicite de n’avoir aucun diplôme universitaire, « comme la majorité du pays ».
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