FRANCE 4 – SAMEDI 15 FÉVRIER À 21 H 00 – FILM D’ANIMATION
Il fallait l’imaginer, et surtout l’oser, ce croisement entre deux écoles de dessin, certes aux antipodes, mais qui n’en avaient pas moins des choses à se dire : la « ligne claire » franco-belge et le manga japonais, avec son dynamisme graphique et son sens du découpage.
Un parfait terrain de rencontre pour porter à l’écran Le Sommet des dieux, d’après le manga éponyme en cinq tomes (2000-2003, publié chez Kana) signé Jiro Taniguchi (1947-2017), dessinateur de l’inoubliable Quartier lointain, lui-même tiré d’un roman de l’écrivain Baku Yumemakura.
C’est précisément dans ce fonds qu’est allé puiser Patrick Imbert (coréalisateur du Grand Méchant Renard et autres contes, 2017). Loin de tout exotisme comme d’un quelconque pastiche, le film témoigne d’un respect scrupuleux du matériau original, qu’il ne cherche jamais, et fort heureusement, à occidentaliser. Il en serait plutôt une sorte de traduction dans le langage voisin de l’animation.
Versant du réalisme
Fukamachi, photoreporter japonais spécialisé dans la montagne, mène l’enquête autour d’un mystérieux appareil photo qui aurait appartenu aux grimpeurs pionniers de l’Everest et serait susceptible de remettre en cause la date de sa première ascension. A Katmandou, il tombe sur Habu Joji, un ancien alpiniste jadis réputé, dont il retrace l’histoire, viscéralement attachée à l’escalade, mais surtout infiniment tragique, parsemée d’échecs, de sinistres, d’injustices et de morts. A travers lui se révèle le visage âpre de cet appel des sommets, marotte exigeante qui peut confiner à l’obsession et témoigne d’une obscure nécessité intérieure.
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