Le djihadiste suédois Osama Krayem, déjà condamné pour les attentats de Paris et Bruxelles, s’est vu infliger une peine de réclusion à perpétuité, jeudi 31 juillet, pour sa participation à l’assassinat d’un pilote jordanien brûlé vif dans une cage par l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie.
« L’accusé se trouvait sur le lieu de l’exécution, en uniforme, armé, et il a accepté d’être filmé (…) Il a contribué de manière si déterminante à la mort de la victime qu’il doit être considéré comme coauteur des faits », a déclaré la juge Anna Liljenberg Gullesjö, citée dans un communiqué du tribunal de Stockholm.
Le 24 décembre 2014, un avion de l’armée de l’air jordanienne avait été abattu en Syrie, près de Raqqa, et le pilote, Muath Al-Kasasbeh, capturé par l’EI le même jour. Une vidéo publiée le 3 février 2015 montre sa mise à mort : la cage est incendiée par l’un des 13 combattants présents sur place, parmi lesquels se trouvait le Suédois, embrasant le pilote.
« Son comportement a consisté, de concert avec d’autres hommes, à garder la victime aussi bien avant que pendant l’exécution, et à la conduire jusqu’à la cage où elle a été brûlée vive », a ajouté la magistrate.
Assassinat qui avait choqué le monde entier
Le tribunal de Stockholm est le premier, et le seul, à avoir jugé une personne pour cet assassinat commis par des membres de l’EI. Le verdict est conforme au réquisitoire du ministère public.
Osama Krayem était jugé pour acte de terrorisme et crime de guerre aggravé lors du procès qui s’est tenu du 4 au 26 juin. Le tribunal a également accordé une indemnisation aux parents et aux frères et sœurs du pilote jordanien, à hauteur de 80 000 couronnes suédoises (près de 7 200 euros) chacun.
Le djihadiste de 32 ans a gardé le silence pendant toute la durée des audiences. Une sélection d’interrogatoires filmés et écrits versés au dossier d’instruction a donc dû être lue et diffusée pendant le procès. Selon son avocate, Osama Krayem a admis avoir été présent sur les lieux, mais il a dit ignorer ce qui allait s’y passer avant d’apercevoir les caméras.
Ni empathie ni regret
L’avocat du frère du pilote, qui s’est constitué partie civile, a déploré que l’accusé n’ait montré ni empathie ni regret devant la cour. « La plupart des personnes qui auraient été témoins de ce que Muath a subi auraient sans doute besoin d’un traitement à vie, ou du moins long, pour surmonter le traumatisme que cela provoque chez un individu normalement constitué », avait plaidé Mikael Westerlund.
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Le frère du pilote s’était déplacé de la Jordanie à l’occasion de ce procès pour y témoigner de la douleur, encore vive, qu’il partage avec ses proches. « Krayem, lui, ne semble pas avoir été traumatisé, mais inspiré. Inspiré à poursuivre son entreprise terroriste, ce qui l’a conduit à participer puis à être condamné pour des actes terroristes en Europe », avait ajouté M. Westerlund.
Le Suédois a été condamné à trente ans de prison en France pour complicité lors des attentats de Paris en 2015 et à la réclusion à perpétuité en Belgique pour les attentats perpétrés dans le principal aéroport de Bruxelles et dans le métro en 2016. La France a accepté, le 12 mars, de le remettre pour neuf mois à la Suède, le temps de l’enquête et du jugement.