Dans un monde policier saturé d’acronymes, sans doute était-il nécessaire d’imposer un peu d’ordre. Mercredi 3 avril, à Paris, en prenant le nom d’Un1té et en adoptant un nouveau logo agrémenté d’une griffe tricolore – pour rappeler l’« engagement envers les valeurs de la République » –, le syndicat Unité-SGP Police-FO a opté pour le choc de simplification.
Sans doute l’héritier de la plus ancienne organisation professionnelle de policiers, fondée en 1924, a-t-il effectué ce choix comme une riposte au « Bloc » guidé par son rival Alliance, chef de file d’une coalition de treize organisations professionnelles rassemblant des syndicats de gardiens de la paix, d’officiers et de commissaires. Cette stratégie d’un front uni s’était révélée payante à l’occasion des élections professionnelles de décembre 2022, qui l’avaient vu rafler près de 50 % des suffrages.
Mais, à moins de quatre mois du début des Jeux olympiques (JO), un mois seulement avant l’arrivée de la flamme olympique à Marseille, ce changement d’état civil augure aussi une combativité revigorée, alors que, de l’aveu de plusieurs responsables, « beaucoup de questions sur l’organisation des JO ne sont pas encore tranchées… et le temps presse ».
Coups de semonce
Tandis que le taux de présence exigé dans les services est de 100 % pour toute la durée des épreuves et que les effectifs des forces de l’ordre mobilisés atteindront jusqu’à 45 000 membres, nombre de fonctionnaires ignorent encore les modalités pratiques de leur acheminement en région parisienne, du logement sur place et d’éventuelles gardes d’enfant.
Après plusieurs coups de semonce de la part des organisations syndicales, le ministère de l’intérieur avait lâché du lest, le 30 janvier, en annonçant l’allocation de primes pouvant aller jusqu’à 1 900 euros en compensation d’une sollicitation « exceptionnelle » dans l’histoire de la police. Désormais, les syndicats regardent moins vers la Place Beauvau que vers Bercy, dans un contexte de fortes restrictions budgétaires.
« Les choses ont été bien discutées avec le ministère de l’intérieur, mais il semble que la politique d’austérité annoncée impacte les avancées prévues, qui sont bloquées en attente d’arbitrage au ministère des finances, dénonce Grégory Joron, secrétaire général d’Un1té. Cela ne rassure pas nos collègues, auxquels un engagement inédit est demandé et qui sont inquiets quant à la capacité du gouvernement à respecter ses promesses. » Affirmant être déterminé à « rappeler ces engagements », M. Joron n’exclut pas d’« agir si cela tarde trop (…), les agents du ministère de l’intérieur n’ayant pas vocation à fournir une variable d’ajustement budgétaire alors que la sécurité de l’événement repose sur eux ».
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