Qu’il incarne avec justesse et extravagance l’écrivain et journaliste Ramon Fernandez dans L’Autre Voyage, le troisième opéra de Bruno Mantovani créé au Capitole de Toulouse en novembre 2024, qu’il publie un enregistrement des Vêpres de la Vierge, de Monteverdi, qui fera date, ou qu’il transforme en version latino jazz la Misa criolla, d’Ariel Ramirez, au Bataclan à Paris, le ténor Emiliano Gonzalez Toro vit la musique avec la même passion. A 47 ans, ce fils d’immigrés chiliens, né à Genève le 28 juillet 1976, peu après l’arrivée de ses parents en Europe, affiche avec bonheur sa double culture flamboyante.
« Mes premiers souvenirs remontent à la période où nous habitions La Bicoque, sorte de centre social à Plan-les-Ouates, en Suisse, où des familles protestantes accueillaient des réfugiés politiques », relate-t-il. Parmi eux, beaucoup de gens venus d’Erythrée, des pays de l’Est, d’Amérique latine, pour qui la musique, pratiquée en commun, est un vecteur d’humanité et d’intégration. « Ma mère, infirmière, travaillait pendant les fêtes de fin d’année et nous allions faire des soirées à l’hôpital, autour du folklore et de la musique latino-américaine. » Les tours rondes et colorées des Avanchets, fameuses HLM construites dans les années 1970 à Vernier, sur la commune de Genève, non loin de l’aéroport, accueillent la scolarité du jeune Emiliano, que sa mère a fait auditionner pour entrer dans la célèbre Maîtrise des Pueri de Genève. « D’un seul coup, je me suis retrouvé sur la scène du Grand Théâtre, à chanter des rôles d’enfant dans les opéras. C’est là que j’ai su que je serai chanteur lyrique. »
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