Le ministre de l’intérieur vénézuélien, Diosdado Cabello, a annoncé, lundi 19 mai, la suspension des vols en provenance de Colombie, dénonçant l’arrivée de « mercenaires » de ce pays voisin avant les élections législatives et régionales de dimanche.
M. Cabello a accusé la cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, qui a appelé au boycott du scrutin, d’être liée à ces mercenaires et de vouloir « saboter » les élections. « Nous avons donné des instructions pour que tous les vols en provenance de Colombie vers le Venezuela soient suspendus immédiatement », a déclaré le ministre lors d’une conférence de presse, après avoir fait part de la détention de 38 personnes, dont 17 étrangers.
Selon M. Cabello, des « mercenaires » ont été arrêtés en entrant par la frontière terrestre avec la Colombie et par « voie régulière », c’est-à-dire par avion. Ils entrent « depuis la Colombie », mais « lorsque nous faisons la vérification », ils viennent « d’autres destinations », a-t-il précisé. Le ministre a assuré que le plan était d’attaquer les « ambassades », les « hôpitaux » et les « commandements de police ».
Les vols entre le Venezuela et la Colombie avaient repris en novembre 2022 après des années d’interruption dues aux relations tendues entre les deux pays, notamment lors de la présidence d’Ivan Duque, très opposé idéologiquement.
Réactivation de l’« opération tun-tun »
Le gouvernement du Venezuela dénonce régulièrement des projets réels ou imaginaires visant à renverser Nicolas Maduro. « L’Etat vénézuélien va se défendre et, en justice, va démontrer la vérité sur ce complot qui sera à nouveau démantelé et vaincu. Trente-huit mercenaires ont été capturés ces dernières heures », a commenté à la télévision publique le président vénézuélien.
Le ministère de l’intérieur a aussi annoncé la réactivation de l’« opération tun-tun [toc-toc] », qui fait référence aux forces de l’ordre frappant à la porte des maisons. Cette opération avait été lancée après la réélection contestée de M. Maduro à la présidentielle de juillet. Celle-ci a été suivie de troubles qui ont fait 28 morts. Quelque 2 400 personnes avaient été arrêtées. Environ 1 900 ont été libérées dans les semaines qui ont suivi. L’ONG Foro Penal assure qu’il y a 895 « prisonniers politiques » dans le pays.
Dans une interview à l’AFP, Mme Machado, qui vit dans la clandestinité depuis la présidentielle du 28 juillet, a promis un boycott massif et des « bureaux de vote vides ». Une grande partie de l’opposition boycotte l’élection de dimanche, estimant que les conditions ne sont pas réunies et revendiquant toujours la victoire à la présidentielle.
Le Conseil national électoral a proclamé M. Maduro, au pouvoir depuis 2013, vainqueur de la présidentielle de 2024 avec 52 % des voix mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d’un piratage informatique. Une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs. L’opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, assure que son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, a obtenu plus de 67 % des voix.