L’humanité vit globalement de plus en plus longtemps, mais vit-elle ces années supplémentaires en bonne santé ? Grâce à des indicateurs comme l’espérance de vie ajustée sur la santé ou l’espérance de vie sans incapacité, les chercheurs tentent de mesurer l’écart entre la quantité d’années vécues et leur qualité. Ces vingt dernières années, cet écart a augmenté de 9,6 ans dans 183 pays du monde, selon une étude publiée en décembre dans le Journal of the American Medical Association. Autrement dit, au niveau mondial, l’espérance de vie (72,5 ans) dépasse de 9,6 ans l’espérance de vie ajustée sur la santé (63,3 ans). Une tendance plus forte chez les femmes que chez les hommes, avec un écart supérieur de 2,4 ans, associé à un fardeau beaucoup plus important, chez celles-ci, des maladies non transmissibles, dites aussi « chroniques ».
« Alors que l’allongement de l’espérance de vie est une aspiration traditionnelle de l’humanité, le bond en avant de la longévité a été réalisé sans une augmentation équivalente de la durée de vie sans maladie, souligne Andre Terzic, directeur du Centre de médecine régénérative de la Mayo Clinic de Rochester (Minnesota), coauteur de l’étude avec Armin Garmany. Cet écart entre la durée de vie et la durée de la santé est le reflet de l’amélioration de la survie aux maladies aiguës, qui se traduit par un plus grand nombre de personnes atteintes de maladies chroniques. » Un paradoxe qui est une conséquence involontaire de l’amélioration des soins de santé.
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