L’annonce est humiliante pour le gouvernement écossais : jeudi 18 avril, Mairi McAllan, la ministre de la « neutralité carbone » a dû officiellement abandonner l’objectif de la nation britannique de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 75 % dès 2030 par rapport au niveau de 1990. Dirigée par une coalition menée par le Parti national écossais (SNP) allié aux Verts, l’Ecosse se targuait jusqu’à présent d’être le pays du monde le plus ambitieux en la matière. « Nous reconnaissons que l’objectif de 2030 est hors de portée et nous devons agir à un rythme et avec une ampleur réaliste pour tenir nos engagements d’[atteindre la neutralité carbone] en 2045 » a ajouté la ministre SNP.
L’exécutif écossais n’avait pas vraiment le choix : l’impossibilité d’atteindre l’objectif des 75 % dès 2030, par manque de mesures suffisantes pour réduire plus rapidement les émissions de gaz à effet de serre, avait été constatée en mars par le Climate Change Committee, l’instance britannique indépendante chargée de surveiller le rythme de réduction des émissions au Royaume-Uni. L’Ecosse n’était plus dans les clous déjà depuis quelques années : en 2021, ses émissions avaient baissé de 49,2 % par rapport à leur niveau de 1990, ce qui est considérable, mais la chute aurait dû être a minima de 51,1 % pour que l’objectif de 2030 soit atteignable.
Si l’Ecosse a fermé sa dernière centrale à charbon en 2016, aucune réforme majeure dans les transports ou l’agriculture étant de nature à réduire considérablement les émissions n’a été engagée depuis. Le réseau ferré écossais est relativement peu étendu, la route restant le seul moyen d’atteindre nombre de localités, dans les Highlands et l’ouest du pays notamment.
« Retour en arrière hautement humiliant »
C’est en 2019 que l’engagement ambitieux de 2030 avait été pris par Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise de l’époque. Le contexte politique était particulier : cette adroite communicante et fervente nationaliste réclamait ardemment un deuxième référendum sur l’indépendance de l’Ecosse et poussait un agenda progressiste, pour mieux se distinguer des conservateurs au pouvoir à Londres, estiment ses critiques.
La dirigeante s’affichait aux côtés de la militante écologiste Greta Thunberg, tandis que s’enchaînaient les manifestations pro-climat dans les rues de Glasgow, la capitale économique de l’Ecosse, qui s’apprêtait à accueillir la COP 26, en novembre 2021.
Les ONG ont réagi avec amertume à l’annonce, jeudi : Ami McCarthy, membre de Greenpeace UK, a jugé dans le Guardian que « réduire les ambitions climat de l’Ecosse alors que la planète bat des records de température en continu depuis douze mois, c’est comme craquer une allumette dans une station-service. Cela ne mettra peut-être pas le feu immédiatement, mais c’est une action dangereuse ». « Alors que chaque jour, le monde devient plus chaud et invivable, le retour en arrière écossais est hautement humiliant », pour Jamie Livingstone, le responsable d’Oxfam pour l’Ecosse.
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