Les hasards de la programmation en salle produisent parfois de curieuses étincelles. Ainsi du mercredi 7 mai, qui réunit les nouveaux films de l’Algérien Karim Moussaoui et du Tunisien Lotfi Achour. L’Effacement et Les Enfants rouges n’ont, a priori, rien à voir. Le premier évoque, à travers une relation filiale située dans le milieu des affaires, l’écrasement des fils par la génération des pères et les ravages sociaux du patriarcat. Le second met en scène un fait divers qui a horrifié la Tunisie, au cours duquel un groupe d’hommes affiliés à l’organisation Etat islamique a décapité, le 13 novembre 2015, un jeune berger du village de Slatnya, âgé de 16 ans et nommé Mabrouk Soltani. Dix-huit mois plus tard, le même groupe rééditait le même geste sur la personne de son frère, Khalifa Soltani.
Rien donc, et pourtant beaucoup à voir. L’intimisme du premier est une claire métaphore de la déraison d’une société où la génération héroïque des pères de l’indépendance n’a pas permis aux générations suivantes de s’émanciper de ce récit fondateur. A rebours, la frontalité politique du second, qui évoque la barbarie de l’intégrisme et du terrorisme, est, elle, envisagée du point de vue intime d’un enfant de 14 ans, témoin du meurtre.
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