Plus d’obus et moins de « Sécu » ? Alors que le budget de la défense est appelé à s’accroître pour faire face à la « menace russe », l’idée de financer cet effort en rognant sur les dépenses de solidarité émerge depuis plusieurs semaines. Pour le moment, aucun projet n’est sur la table, le premier ministre, François Bayrou, ayant assuré que le réarmement du pays s’effectuera « sans rien abandonner du modèle social ». Mais des personnalités politiques, des experts et des essayistes pensent que le surcroît de ressources destiné à nos soldats impose de revisiter les règles de l’Etat-providence, quitte – éventuellement – à le rendre moins généreux.
Le débat a été posé avec des termes très directs par Julien Damon, professeur associé à Sciences Po. Dans un texte, publié le 25 février sur le site Telos, il écrit que le système de protection sociale « pourrait être conduit à réduire la voilure afin que [la défense] monte en puissance ». Une éventualité formulée cinq jours après des propos tenus par Emmanuel Macron, lors d’une réunion à l’Elysée avec des chefs de partis. Le président de la République avait évoqué l’hypothèse de consacrer 5 % du produit intérieur brut (PIB) aux investissements militaires (contre 2 % aujourd’hui). Il avait ensuite précisé ne pas savoir si c’était le bon chiffrage, puis avait revu à la baisse l’objectif : « Autour de 3 % à 3,5 % » du PIB, avait-il dit, au Figaro, le 2 mars.
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