En 2023, Easy Solar s’est illustrée parmi les entreprises africaines les plus dynamiques (selon la croissance de son chiffre d’affaires) dans le dernier classement annuel du Financial Times. Cette société fondée en 2016 par Nthabiseng Mosia fournit aujourd’hui de l’électricité solaire à plus de 1 million de foyers et d’entreprises dans les zones reculées du Liberia et de la Sierra Leone, qui à eux deux comptent une population de plus de 14 millions de personnes.
Certes, la route est encore longue car 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité sur une population de plus de 1,3 milliard d’habitants. Et le continent ne produit à ce jour que 3 % de l’énergie solaire dans le monde. Pourtant, l’énergie photovoltaïque se déploie à petite échelle, dans les zones qui n’ont pas accès au réseau électrique. « De nombreuses petites entreprises se sont lancées dans le secteur il y a dix-quinze ans, mais le taux d’échec était assez élevé », se souvient David Munnich, directeur exécutif chez Investisseurs & Partenaires, qui constate aujourd’hui une forme d’« écrémage » en faveur des modèles économiques qui fonctionnent.
Certaines de ces sociétés comme PEG au Ghana vendent des kits solaires pour s’éclairer, alimenter des petits appareils ménagers, avec la possibilité d’un paiement fractionné de quelques euros par mois. D’autres, telles que Cogelec au Sénégal, installent des miniréseaux dans des villages ou des zones plus denses.
« Mini-EDF »
« On observe aussi de plus en plus de convergence entre le public et le privé avec les entreprises du réseau électrique national qui confient à des sociétés privées la gestion de certains territoires », poursuit M. Munnich, expert de l’investissement en Afrique. Si le secteur souffre d’un problème de financement chronique, notamment pour maintenir et développer les grands réseaux, il a également vu émerger depuis une décennie plusieurs dizaines de fonds d’investissement internationaux pour soutenir ces entrepreneurs privés.
Des expériences sont également menées dans le secteur du tourisme et des transports. En Tanzanie, Denis Lebouteux, fondateur et président de Tanganyika Expéditions, alimente sur ses propres deniers depuis plusieurs années ses hôtels et ses Jeep en électricité solaire. « C’est globalement très rentable », indique cet entrepreneur qui a déployé un « mini-EDF » à base de batteries stationnaires reliées à des panneaux solaires au sein de ses lodges.
A ce jour, ses véhicules de safari servent de vitrine à E-Motion. Pour cette société, Denis Lebouteux s’est associé avec le groupe Hanspaul, spécialisé dans la conversion de voitures thermiques, et Gadgetronix, qui installe des fermes solaires. « Nous remplaçons le moteur des vieilles Jeep par des batteries lithium-fer-phosphate », détaille l’ingénieur Neelkanth Govindji chez E-Motion alors que 18 ont déjà été converties.
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