La municipalité généralise une mesure mise en place pour la première fois à l’été 2017 : les mineurs de moins de 13 ans ne pourront pas sortir dans les rues après 22 heures.
L’objectif est de « protéger ces mineurs » mais aussi « responsabiliser les parents », fait valoir la ville.
S’ils ne respectent le couvre-feu, les enfants peuvent être emmenés temporairement au commissariat, a annoncé le maire.
La municipalité veut serrer la vis. La ville de Viry-Châtillon (Essonne) instaurera à partir de samedi un couvre-feu de 22h à 6h du matin pour les mineurs de moins de 13 ans, a-t-elle indiqué mardi 15 avril dans un communiqué. « Cet arrêté permettra non seulement de protéger ces mineurs en ne les laissant pas divaguer dans les rues, mais aussi de responsabiliser les parents puisque l’enfant sera systématiquement reconduit à son domicile (nouvelle fenêtre)« , détaille dans ce document Jean-Marie Vilain (Les Centristes).
« Un jeune qu’on laisse complètement désœuvré dans la rue pendant des années, forcément, il y a un gros risque qu’il tombe soit dans la pré-délinquance, dans la délinquance, voire beaucoup plus grave (nouvelle fenêtre)« , justifie le maire sur LCI, dans la vidéo en tête d’article.
Auprès de l’AFP, il a aussi précisé qu’il est possible que les enfants soient emmenés temporairement au commissariat. « Si les parents sont amenés à venir (y) chercher leurs enfants, peut-être que ça va les faire réfléchir un peu », estime-t-il, tout en soulignant « qu’il n’y a pas de sanction prévue ». Pour « renforcer la tranquillité publique », la ville de 31.000 habitants généralise par cet arrêté une mesure qu’elle avait d’abord mise en place sur la période estivale depuis 2017.
« Bonne idée », « pas la solution »… Les habitants divisés sur la mesure
Sur place, certains habitants accueillent très positivement la décision de la municipalité. « Très bonne idée, d’autant plus qu’à partir de 13 ans, normalement, on est censé aller au lit », appuie une femme, interrogée dans la vidéo en tête d’article. « À partir de 22 heures, il y a des risques » pour les plus jeunes, abonde une autre. Mais certains y voient au contraire une restriction inutile des libertés. « Je pense que ce n’est pas la solution, il ne faut pas restreindre les gens », estime une résidente, tandis qu’un autre dit « ne pas comprendre » cette mesure, arguant qu’il n’y a selon lui « pas de violence à Viry-Châtillon ».
De son côté, l’édile indique « ne pas avoir de chiffres » concernant les faits délictueux commis par des mineurs de moins de 13 ans dans les rues de sa commune. Mais cette dernière avait été « très marquée », rappelle-t-il, par la mort en avril 2024 de Shemseddine, passé à tabac à 15 ans (nouvelle fenêtre) près de son collège par trois mineurs et un majeur, drame qui avait suscité une immense émotion (nouvelle fenêtre). « J’ai surtout de l’inquiétude pour les enfants, ce n’est pas une question de répression », assure Jean-Marie Vilain, rappelant « les phénomènes de rixes » qui touchent le département.
L’Essonne, département du sud de l’Île-de-France peuplé d’1,3 million d’habitants, est régulièrement le théâtre d’affrontements entre bandes de jeunes adolescents (nouvelle fenêtre) venus de quartiers rivaux. Un quart des rixes recensées en France ont lieu dans ce département, avaient noté plusieurs responsables politiques lors d’une conférence sur le sujet. Fin mars, une bagarre entre bandes rivales à Yerres s’est soldée par la mort d’un adolescent de 17 ans (nouvelle fenêtre), blessé mortellement d’un coup de couteau. Un jeune de 19 ans a été mis en examen et placé en détention provisoire.
Par ailleurs, la ville de Viry-Châtillon a également décidé d’interdire les feux en plein air, barbecues et la consommation de narguilé dans l’espace public à compter de samedi. Le communiqué mentionne aussi de nouvelles restrictions concernant la vente au détail de boissons alcoolisées dans la commune, mises en place depuis le 24 mars.
Des mesures de couvre-feu pour les mineurs ont déjà été adoptées en 2024 dans d’autres communes comme à Nice, Béziers ou Limoges. À Nice, le maire Christian Estrosi (Horizons) avait plaidé pour une mesure de « bon sens ». Le maire de Béziers Robert Ménard, proche de l’extrême droite, avait lui justifié cet arrêté par le « nombre croissant de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes en pleine nuit » et une « aggravation du nombre » de délits.