Le Parquet national financier (PNF) a classé lundi 26 août l’enquête visant le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, et Polytechnique après des investigations menées sur un projet d’implantation d’un bâtiment du groupe pétrolier sur le campus essonnien de l’école, a appris l’Agence France-Presse (AFP) mardi d’une source proche du dossier.
En avril 2021, les ONG Greenpeace et Anticor, ainsi que l’association d’anciens élèves de l’Ecole polytechnique, La Sphinx, avaient déposé plainte auprès du tribunal judiciaire de Paris pour prise illégale d’intérêts.
Elles reprochaient à M. Pouyanné, nommé au conseil d’administration de Polytechnique en septembre 2018, d’avoir entretenu la confusion entre son mandat d’administrateur de l’école et celui de PDG du groupe pétrolier lors des débats sur l’implantation de ce centre de recherches au cœur du campus universitaire.
Une intervention de M. Pouyanné « très limitée »
L’implantation de ce bâtiment d’une surface de 10 000 mètres carrés, devant accueillir 400 personnes pour travailler sur la « décarbonation des énergies », avait été contestée par une partie des élèves et des professeurs de Polytechnique. Une manifestation avait eu lieu en mars 2020, et le projet avait été finalement abandonné début 2022. Sollicité par l’AFP, le PNF affirme « qu’au terme de l’enquête, les infractions n’étaient pas suffisamment caractérisées ».
Le ministère financier public estime que son intervention lors d’un conseil d’administration d’avril 2020 sur ce projet d’implantation avait été « très limitée », « transparente », c’est-à-dire « explicitement en qualité de PDG de Total », « nécessaire » pour « éclairer les autres administrateurs » sur leur choix, et isolée. « L’enquête a par ailleurs démontré que M. Pouyanné s’était déconnecté immédiatement après son intervention et qu’il n’est pas intervenu, même de manière informelle, aux autres étapes du processus décisionnel, y compris lors du conseil d’administration du 10 décembre 2020 », a poursuivi le PNF.
Or, pour les trois associations qui avaient déposé plainte, ce classement de l’enquête « constitue un recul dans la lutte contre les infractions à la probité qui inquiète les plaignantes ». Elles « regrettent qu’un dossier visant une personnalité particulièrement influente, une multinationale française et une institution publique de premier plan, n’ait pas conduit à la désignation d’un juge d’instruction indépendant du pouvoir exécutif ». Elles disent « réfléchir » à un nouveau dépôt de plainte avec constitution de partie « afin que soit désigné un juge d’instruction ».
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