L’Américain Robert Francis Prevost, 69 ans, est devenu, jeudi 8 mai, le premier pape originaire des Etats-Unis de l’histoire, prenant le nom de Léon XIV. Le 267e pape de l’Eglise catholique, qui a aussi la nationalité péruvienne, devient ainsi le deuxième pape non européen depuis le VIIIe siècle après l’Argentin François (2013-2025), mort le 21 avril, à qui il succède, et le quatrième pape non italien de suite – après le Polonais Jean Paul II (1978-2005) et l’Allemand Benoît XVI (2005-2013).
C’est le cardinal protodiacre, le français Dominique Mamberti, qui a prononcé la célèbre formule « Habemus papam » (« nous avons un pape » ). Fidèles et touristes massés place Saint-Pierre ont salué avec un tonnerre d’applaudissements son apparition au balcon de la basilique, environ une heure et demie après que la fumée blanche fut sortie de la cheminée installée sur le toit de la chapelle Sixtine. « Que la paix soit avec vous tous ! », ont été ses premiers mots, dans un italien teinté d’un accent américain. « Merci au pape François », a-t-il salué, remerciant ses collègues cardinaux de l’avoir élu. « Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne prévaudra pas », a-t-il lancé.
Vêtu d’une mozette rouge et d’une étole, des habits liturgiques que François avait abandonnés, le nouveau pape a appelé à « construire des ponts par le dialogue, par la rencontre, nous unissant tous pour être un seul peuple, toujours en paix », appelant à être « une Eglise missionnaire, une Eglise qui construit des ponts, qui dialogue, toujours ouverte à l’accueil. »
Classé parmi les « modérés »
Né le 14 septembre 1955 à Chicago, dans l’Illinois, Robert Francis Prevost étudie au petit séminaire de l’ordre de Saint-Augustin, dans lequel il entre en 1977. Licencié en théologie, il détient aussi un diplôme en mathématiques. Ordonné prêtre en 1982, il est deux ans plus tard envoyé comme missionnaire au Pérou, un pays où il restera deux décennies.
Il est devenu archevêque-évêque émérite de Chiclayo, dans le nord du pays, auquel il a adressé une pensée particulière en espagnol, lors de sa première prise de parole en tant que pape. Il est revenu à Chicago en 1999 comme supérieur provincial des Augustins du Midwest, puis prieur général en 2001.
En 2014, le pape François le nomme administrateur apostolique du diocèse de Chiclayo. Et c’est en 2023 qu’il est nommé préfet (numéro 1) du dicastère (sorte de ministère de la Curie, le gouvernement de l’Eglise) des évêques, poste stratégique chargé des nominations d’évêques, succédant au cardinal canadien Marc Ouellet, accusé d’agression sexuelle et qui avait démissionné pour raison d’âge.
Cet homme d’écoute et de synthèse, classé parmi les « modérés », et connaissant autant le terrain que les rouages du Vatican, était considéré comme l’un des favoris pour succéder au pape François. Les cardinaux ont donc opté pour la continuité, même si cet Américain, créé cardinal en 2023 par François, qui a porté son ascension au Vatican, est réputé plus timide et mesuré que son prédécesseur.
Des défis considérables
Le nouveau pontife a été élu au deuxième jour de ce scrutin qui s’annonçait très ouvert, du fait notamment des 133 cardinaux présents, un record. Il a réuni une majorité des deux tiers, c’est-à-dire au moins 89 voix, sur son nom. Mais du fait du secret absolu entourant le conclave, les détails du scrutin ne sont pas connus.
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Le natif de Chicago devra rapidement affronter des défis considérables : finances de l’Eglise, lutte contre la pédocriminalité, baisse des vocations… Mais il devra aussi ressouder les différents courants d’une institution où cohabitent des sensibilités culturelles très diverses, entre une Europe sécularisée et des « périphéries » en croissance. Il devra aussi apaiser une institution bousculée par un pontificat ponctué de réformes et de prises de parole tranchées, qui ont parfois fait l’objet de vives critiques internes.

Sa connaissance de l’ensemble de la curie, dont il connaît tous les rouages, devrait l’aider grandement dans sa tâche. Lors d’une ultime messe publique mercredi matin, le doyen du collège cardinalice, l’Italien Giovanni Battista Re, avait appelé à choisir le pape « dont l’Eglise et l’humanité ont besoin en ce tournant si difficile, complexe et tourmenté de l’histoire », et plaidé « pour le maintien de l’unité de l’Eglise ».