Christine Paccoud, l’épouse de Caroline Grandjean, l’institutrice qui s’était suicidée dans le Cantal le jour de la rentrée scolaire après avoir été la cible de propos homophobes, a porté plainte contre l’éducation nationale pour « harcèlement », a annoncé, mercredi 12 novembre, à l’Agence France-Presse (AFP) la procureure d’Aurillac, Sandrine Delorme. La plainte vise aussi le maire du village de Moussages, où est située l’école primaire dont elle avait aussi été la directrice
Dans des écrits laissés avant sa mort, Caroline Grandjean évoquait un « acharnement » et un manque de soutien de sa hiérarchie. « Mon combat, c’est qu’elle soit reconnue comme victime », avait déclaré Mme Pacoud à la presse mi-septembre en annonçant son intention de porter plainte contre l’institution.
L’institutrice de 42 ans, était la cible depuis septembre 2023 de harcèlements en raison de son homosexualité et s’est donné la mort le 1er septembre 2025. Un drame qui a suscité l’émoi dans le monde enseignant. Des tags « sale gouine » et « gouine = pédophile » avaient notamment été découverts sur les murs de son école de Moussages, un village du Cantal de 200 habitants. Une enquête avait été ouverte après ces inscriptions mais classée sans suite en mars 2025 « en l’absence de faits nouveaux », avait alors indiqué le parquet.
En arrêt maladie, l’enseignante s’était vue proposer un poste à quelques kilomètres de Moussages pour la rentrée scolaire mais avait été alors incapable de reprendre son travail. Le ministère de l’Éducation nationale avait diligenté une enquête administrative sur les causes du suicide.
Je ne suis pas sûre que dans le village, il y ait ce sentiment de culpabilité
Désormais, « je veux qu’ils sachent que malgré le fait qu’elle ne soit plus là, ces gens qui ont fait tout ce mal n’enlèveront rien à notre amour », s’était émue Christine Paccoud dans la presse mi-septembre.
Elle expliquait avoir retrouvé « des écrits de Caroline (…) qui relatent tous les faits depuis le début, toutes les réactions des uns, des autres, de la mairie, de l’éducation nationale, son ressenti ». « Quand j’ai lu ça, je me suis dit : « quel acharnement » », avait-elle déploré. « J’ai perdu ma femme, mais je l’avais déjà perdue depuis le début parce que ce n’était plus la même. Elle n’avait plus de joie de vivre. Elle n’avait que ça en tête, d’essayer de se défendre et de se sortir la tête de l’eau ».
« On a essayé, que ce soient les psychologues, les psychiatres, des amis, moi, de la relever, mais on a tous, chacun à notre niveau, de la culpabilité de ne pas y être arrivés. Je ne suis pas sûre que dans le village, il y ait ce sentiment de culpabilité. Je ne suis pas sûre du tout », ajoutait-elle.
L’avocat de Mme Paccoud, Stéphane Juillard, a assuré mercredi à l’AFP qu’il préparait d’« autres procédures » en plus de la plainte de sa cliente.











