Depuis le 15 mai dernier, des lâchés d’eau massifs sont effectués sur le Rhône, entre la France et la Suisse.
L’objectif est d’évacuer d’importantes quantités de sédiments pour, à terme, baisser le niveau du fleuve et limiter les risques d’inondation.
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Le 20H
Le grand nettoyage de printemps du Rhône. Sur le fleuve de l’est de la France, depuis le 15 mai, plusieurs barrages sont mis à contribution pour écouler plusieurs centaines de milliers de mètres cubes de sédiments. Car chaque année, 350.000 m³ de sable, de graviers et d’argile, charriés par l’Arve – un affluent qui prend sa source dans le massif du Mont-Blanc -, s’entassent dans le cours d’eau en amont du barrage de Verbois, à une poignée de kilomètres seulement de Genève.
À moyen terme, ces matériaux font peser une menace sur la région. « Au fur et à mesure des dépôts, le niveau du Rhône remonte, ce qui génère un risque d’inondation » dans la capitale suisse, explique Guillaume Gros, directeur en charge de la production de l’électricité des Services Industriels de Genève (SIG), dans le reportage en tête de cet article. « Nous avons observé des crues majeures de l’Arve (nouvelle fenêtre) au cours de ces dernières années. Ces accumulations d’événements ont un impact sur le flux des sédiments qui risquent d’être de plus en plus importants », ajoute-t-il.
1,5 million de mètres cubes de sédiments à évacuer
L’objectif est donc d’évacuer ces dépôts, en utilisant le courant, pour faire baisser le niveau du fleuve et limiter les risques de débordement des eaux. D’où la mise en place, pendant douze jours, d’une opération massive de « gestion transfrontalière », laquelle se déroule tous les cinq ans environ. Cette année, les autorités françaises et suisses ont fixé un volume de 1,5 million de mètres cubes de sédiments à évacuer par la pression du courant, soit l’équivalent de 600 piscines olympiques.
En aval, les Français doivent gérer cet afflux soudain, ce qui explique qu’une grande coordination entre le barrage de Verbois et le suivant, celui de Génissiat, dans l’Ain, est nécessaire. « Ce que nous ne voulons pas non plus côté français, c’est que les sédiments s’accumulent, par exemple devant le parement du barrage de Génissiat qui n’est pas fait pour ça », souligne Laurent Tonini, directeur à la direction des territoires à la Compagnie nationale du Rhône (CNR).
En parallèle, un certain nombre de précautions sont prises pour s’assurer d’un impact minimal sur la vie sous-marine dans le Rhône. L’eau écoulée est ainsi régulièrement contrôlée par des agents du barrage, et ne doit pas contenir plus de cinq grammes de sédiments par litres. L’équivalent d’une cuillère à café. « À cinq grammes par litres, globalement, les poissons n’ont pas de problème. Ils ont de l’oxygène et tout fonctionne bien », assure Franck Pessiat, référent environnement naturel au CNR.
À noter que, pendant l’opération, le niveau du Rhône baisse de plus de dix mètres. Passé ces quelques jours, tout n’est pas terminé, loin de là. En tout, le voyage des sédiments évacués va durer une dizaine d’années avant que les dépôts ne soient déversés dans la mer Méditerranée.