Deux vingtenaires ont été condamnés par la cour d’assises de la Gironde à 30 ans de prison pour le meurtre d’un adolescent de 16 ans en janvier 2021, sur fond de rivalités entre quartiers bordelais.
Un autre homme, accusé d’avoir servi de chauffeur au commando, a été de son côté condamné à 25 ans de réclusion.
Le procès s’est déroulé sous haute tension, après l’éclatement d’une violente bagarre dans l’enceinte du tribunal au premier jour d’audience.
Après plusieurs jours d’audience sous haute tension devant la cour d’assises de la Gironde, le verdict est tombé. Les deux principaux accusés du meurtre d’un adolescent de 16 ans en 2021 (nouvelle fenêtre) à Bordeaux, sur fond de rivalité entre quartiers, ont été condamnés à 30 ans de réclusion vendredi 23 mai. L’annonce « soulage » la famille de la victime, mais la défense a décidé de faire appel.
Abdoulhadre S. (25 ans) et Marwan S. (24 ans) étaient jugés pour avoir tiré mortellement sur le jeune Lionel (nouvelle fenêtre). Leur peine a été assortie d’une période de sûreté des deux-tiers et de diverses interdictions. Yassine S., 25 ans, accusé d’avoir servi de chauffeur au commando, a été condamné quant à lui à 25 ans de réclusion. Cinq autres accusés, qui comparaissaient notamment pour association de malfaiteurs, ont été condamnés à des peines allant de 12 mois de prison avec sursis à huit ans d’emprisonnement. Tous se disaient innocents et la défense avait plaidé l’acquittement.
« Ils n’ont pas hésité à rafaler dans le dos des enfants », selon l’avocat général
La salle d’audience avait été placée sous étroite surveillance policière ce vendredi soir, après une bagarre survenue au sein même du palais de justice (nouvelle fenêtre) à l’issue du premier jour du procès, le 12 mai. Selon un avocat, des jeunes habillés de noir étaient entrés dans la salle du procès et une violente rixe avait opposé des membres du public, avant que la police ne parvienne à les exclure de l’enceinte.
Le 2 janvier 2021 au soir, tandis que Lionel et un ami vendaient des pâtisseries pour financer un séjour au ski au pied d’un immeuble de leur quartier des Aubiers, des témoins avaient vu deux hommes cagoulés surgir d’une Clio noire, conduite par un troisième. Ils avaient ouvert le feu à l’arme automatique (nouvelle fenêtre), tuant l’adolescent et blessant trois autres mineurs, ainsi qu’un adulte. « Ils n’ont pas hésité à ‘rafaler ‘dans le dos des enfants qui s’enfuyaient », avait asséné mercredi l’avocat général, Jean-Luc Gadaud. Il a fustigé dans son réquisitoire un mobile « pitoyable », « simple bataille de rap entre deux quartiers » rivaux, les Aubiers, celui des victimes, et la cité Chantecrit, celle des condamnés, dans le nord de la ville.
Pour les proches de la victime, la « justice a fait son travail »
Les parents et proches du jeune Lionel se sont serrés dans les bras à l’énoncé du verdict, après plus de dix heures de délibéré. « Ça me soulage. Je n’ai pas envie de craquer », a dit sa mère, Rose G. « La justice a fait son travail. Et ceux qui devaient être condamnés à de lourdes peines l’ont été », a ajouté son beau-père, Thierry C. Tous les deux ont appelé « à la paix ». « La justice les a entendus et à défaut de les aider à se reconstruire, ça peut leur donner le sentiment qu’on les a écoutés », a commenté leur avocat, Yann Herrera.
De son côté, la défense a vivement critiqué ce verdict. « Mes clients n’acceptent pas cette peine lourde, dans la mesure où ils contestent la participation aux faits. Nous avons décidé d’interjeter appel », a réagi de son côté Me Christian Blazy, qui défendait trois accusés, dont un des tireurs. L’accusation reposait sur des éléments de téléphonie, des témoignages ou encore des achats de fournitures, mais selon la défense, il n’y avait aucune preuve formelle contre les mis en cause.
Après la bagarre du premier jour, la tension était restée palpable durant le procès, des témoins exprimant leur « peur » de représailles. « Il y a des vérités que je ne dirai pas », a déclaré l’un d’eux, deux femmes refusant de venir déposer devant la cour après des « intimidations ». « Vous avez des accusés qui gardent le silence, qui mentent, des éléments de preuves qui disparaissent, des témoins menacés », a cinglé l’avocat général.