Le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a annoncé, jeudi 6 mars, au « 20 heures » de France 2, que deux prisons de haute sécurité avaient été choisies pour accueillir 200 détenus jugés parmi les plus dangereux. Celle de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, en accueillera 100 d’ici à la fin de juillet, puis le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne, recevra les 100 autres à partir de la mi-octobre.
« J’ai décidé de taper fort. (…) Ce sont des personnes dangereuses, essentiellement des narcotrafiquants, mais aussi des terroristes islamistes », a précisé M. Darmanin. Ce sont « les services de police et de justice [qui] désigneront les personnes dangereuses. [Les critères étant] les capacités à corrompre, à toucher de l’argent, à menacer », a poursuivi le garde des sceaux. Ce placement pourra durer quatre ans, et sera renouvelable.
Ces deux prisons, toutes les deux récentes, sont déjà les deux établissements les plus sécurisés de France. Mais le ministre a souligné qu’il fallait « rendre tout à fait hermétiques les deux établissements, renforcer les moyens, y mettre un certain nombre de personnels supplémentaires ». « A partir du mois d’avril, pour la prison du Pas-de-Calais, on sortira les détenus qui ne sont pas concernés, a-t-il expliqué. On fera pendant deux mois des formations pour les agents, une sécurité totale et les travaux. Et à partir du mois de mai-juin, les nouveaux détenus rentreront. »
« C’est une révolution pour les prisons françaises, pour l’administration française, on n’a jamais fait ça », s’est-il félicité, assurant qu’il ne fallait « plus jamais une affaire Amra ». Le narcotrafiquant Mohamed Amra, qui était l’homme le plus recherché de France et a été arrêté en Roumanie, a été incarcéré dans le centre déjà ultra-sécurisé de Condé-sur-Sarthe après sa remise à la France.
Son cas, après son évasion sanglante qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires en mai 2024, a plusieurs fois été évoqué par M. Darmanin pour justifier la création de nouvelles prisons destinées aux trafiquants de stupéfiants, dont le régime carcéral d’isolement est inspiré de la lutte contre la mafia en Italie. Ce « régime de détention très strict » a fait l’objet d’un amendement à la proposition de loi sur la lutte contre le narcotrafic, qui a été adopté mercredi par la commission des lois de l’Assemblée nationale.