Les chiffres publiés vendredi 15 novembre confirment les appréhensions de la filière apicole : la récolte de miel devrait tourner autour de 20 000 tonnes en 2024, en baisse de près de 30 % par rapport aux années précédentes. L’estimation provient d’une enquête réalisée auprès de 678 apiculteurs par la Fédération nationale du réseau de développement apicole (ADA), qui qualifie l’année de « catastrophique à peu productive », selon les régions. La production recule fortement en Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Grand-Est, Ile-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, et Hauts-de-France.
En cause « la pluie, le froid et, très souvent, le vent, [qui] ont stoppé net les premières miellées de printemps et le développement des colonies, énumère l’ADA. Le butinage printanier devenu difficile [très peu de fenêtres temporelles, fleurs lessivées], les abeilles ont rapidement consommé les réserves récoltées en début d’année. » Dans la majorité des régions, les apiculteurs ont dû nourrir leurs colonies pour les maintenir en vie.
« Cette année, c’était du jamais vu, confirme Henri Clément, le secrétaire général de l’Union nationale des apiculteurs français (UNAF). Si on ne les avait pas nourries, beaucoup de colonies seraient mortes. » Ses ruches sont principalement situées en Lozère. Ici, comme presque partout en France, les vents ont été forts au printemps, les températures fraîches et les pluies abondantes.
Frank Alétru, président du Syndicat national d’apiculture (SNA) en France et de l’Association des apiculteurs professionnels européens, a fouillé dans les archives de l’Abeille de France, la revue centenaire du SNA : « Je n’ai trouvé aucune trace d’un printemps aussi calamiteux, qui dure plusieurs mois consécutifs, et qui touche les trois quarts de la France. »
Nourriture plus rare
Cette saison est pourtant déterminante pour l’apiculture. Au repos pendant l’hiver, la reine recommence à pondre à l’approche des beaux jours, et les abeilles reprennent leur besogne : butiner les fleurs, construire les alvéoles de la ruche, nourrir les larves, produire et stocker le miel. La pluie, les vents forts et le froid empêchent les pollinisatrices de sortir. Elles se nourrissent alors dans leurs réserves. Dehors, la nourriture est aussi plus rare : les plantes ont commencé à fleurir tardivement ce printemps à cause de la météo.
Cet épisode est survenu alors les années précédentes ont été marquées par des sécheresses récurrentes. « Le bouleversement climatique et ses différentes facettes, ressenti par les apiculteurs depuis une bonne quinzaine d’années, est omniprésent », constate l’UNAF. Pour Henri Clément, il s’agit du « plus grand défi actuel pour les apiculteurs ».
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