Les banques alimentaires sont en première ligne de la hausse de la précarité. Selon des chiffres présentés lundi 26 février au Salon international de l’agriculture à Paris, le premier réseau d’aide alimentaire en France a vu le nombre de personnes accueillies augmenter de près de 30 % en trois ans (dont + 8 à 9 % pour l’année 2023), pour atteindre 2,6 millions de personnes.
Le profil des publics accompagnés évolue : si les personnes seules constituent la majorité (41 %), suivies par les familles monoparentales (31 %), la part des jeunes est en augmentation (+ 19 % en cinq ans), tout comme celle des travailleurs pauvres. Aujourd’hui, 17 % des personnes accueillies ont un emploi, parmi lesquelles une majorité (60 %) ont un contrat à durée indéterminé mais gagnent moins que le smic.
Derrière les difficultés sociales, c’est aussi un risque sanitaire qui se profile. Pour comprendre l’impact sur la santé de la précarité alimentaire, le réseau a conduit une nouvelle étude, dont les résultats ont été publiés lundi.
L’enquête a été réalisée entre octobre et décembre 2023, avec un appui méthodologique d’Action contre la faim, auprès de 140 personnes accueillies dans le cadre d’ateliers de prévention santé menés par le réseau. L’échantillon est modeste, mais l’étude est appelée à être complétée en 2024 et 2025 avec d’autres volets, notamment des entretiens.
« Les répondants à notre enquête sont dans l’ensemble bien sensibilisés au lien entre alimentation et santé, constate Barbara Mauvilain, responsable du service des relations institutionnelles de la Fédération des banques alimentaires. Ils consomment majoritairement des plats faits maison et plus de la moitié mange des légumineuses plus de deux fois par semaine, ce qui les rapproche des recommandations du programme national nutrition santé. »
Problèmes de santé
Parmi les points préoccupants : un tiers d’entre eux ne mange que deux repas par jour ou moins. Outre l’enjeu du prix, le manque d’équipements de cuisine à domicile est un des freins à l’adoption de bonnes pratiques alimentaires : 6 % des personnes consultées n’ont pas de réfrigérateur, 9 % pas de plaques de cuisson et 10 % n’ont pas de four. Ces résultats corroborent de précédentes études, notamment une enquête du réseau VRAC – une structure qui propose des aliments de qualité en circuit court, à prix sociaux – menée dans des quartiers prioritaires, publiée en novembre 2023, qui signalait le même frein lié à la précarité et à la structure des logements.
L’enquête des banques alimentaires met en évidence une surreprésentation des problèmes de santé parmi les participants à ses ateliers : un quart des répondants se déclare en mauvaise ou très mauvaise santé ; un tiers signale des problèmes cardiovasculaires ou de surpoids et d’obésité ; 15 % sont diabétiques, contre 5 % dans la population générale. « Le nombre de personnes diabétiques a doublé en quinze ans en France et va continuer à progresser », commente Bastien Roux, directeur général de la Fédération française des diabétiques, qui rappelle que le diabète de type 2 (qui représente plus de 90 % des diabètes en France) est très inégalement réparti sur le plan géographique (avec une prévalence deux fois plus importante dans les départements d’outre-mer qu’en métropole) et selon le gradient social, avec un risque de diabète trois fois plus élevés pour les personnes éligibles à la couverture maladie universelle.
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