Innovant et prometteur dans les premières années, le pontificat de François s’est révélé au fil du temps décevant et pétri de contradictions. Sa gouvernance a laissé à désirer, tout comme celles de ses prédécesseurs, Benoît XVI et Jean Paul II, mais pour des raisons opposées. Les papes allemand et polonais avaient délégué leur pouvoir à des collaborateurs, en majorité des Italiens préoccupés par leurs intérêts propres. En revanche, François, ce jésuite argentin séduit par le péronisme, a gouverné seul, dans un style autocratique.
Hostile à la curie romaine, le souverain pontife a par exemple vidé de son pouvoir et privé de son autonomie financière la secrétairerie d’Etat, pourtant très haut placée dans la hiérarchie vaticane : elle était un élément central de la réforme voulue par Paul VI peu après le concile Vatican II, au début des années 1960.
L’élection de Jorge Mario Bergoglio se prépare dès 2001, lorsque Jean Paul II le crée cardinal. A Buenos Aires, les journalistes lui ont alors demandé « quel devait être, à [son] avis, le profil du nouveau pape », comme l’a raconté le pape François dans le livre-entretien El Pastor [non-traduit, 2023] d’Angela Ambrogetti et Sergio Rubin, confirmant que sa campagne avait commencé à ce moment-là. Et de poursuivre : « Je leur ai répondu avec assurance : un pasteur. A ce moment-là, il était difficile d’imaginer que, douze ans plus tard, ce serait moi ce pasteur. »
Décisions souvent inopérantes
Lors du très bref conclave de 2005, le cardinal Bergoglio avait déjà recueilli plusieurs voix malgré l’opposition de son influent confrère jésuite Carlo Maria Martini qui, probablement, a voté pour Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, et l’a fait élire. Le conclave de 2013 fut tout aussi court. Les Italiens s’attendaient à voir élire Angelo Scola, archevêque de Milan. La renonciation de Benoît XVI dévoilait au grand jour la situation de crise dans laquelle se trouvait le gouvernement central de l’Eglise. Les appels à la réforme au cours des réunions générales auxquelles ont participé tous les cardinaux, même ceux qui n’avaient pas le droit de voter parce qu’ils avaient passé l’âge de 80 ans, étaient tout aussi clairs.
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